lundi 19 avril 2021

 

Une noisette, un livre
 
Saint-Jacques
Bénédicte Belpois
 


Si le nouveau roman de Bénédicte Belpois porte le nom d’un homme, c’est pourtant une femme qui en est l’héroïne : Paloma. Une colombe avec la force d’un aigle.

Paloma est le fruit d’une brève liaison entre sa mère Camille et un espagnol, Manuel, sur la route des vacances dans les Cévennes. Une fille non désirée et pour laquelle elle n’aura aucun amour, préférant plus tard sa fille Françoise qu’elle aura avec son mari. A la mort de la mère, Paloma est étonnée de recevoir quelque chose en héritage : une maison dans les Cévennes avec un cahier à n’ouvrir que lorsqu’elle sera sur place. Intriguée, elle y court et découvre une maison abandonnée, sur les hauteurs avec, tout de suite, une vieille dame, Rose, qui la scrute intensément.

Infirmière en région parisienne dans un hôpital elle décide de déménager pour s’installer et ouvrir une nouvelle vie avec sa fille surnommée Pimpon, fille qu’elle a eut également très jeune mais à la différence qu’elle est le résultat d’un grand amour, hélas, qui s’est achevé tragiquement le soir sur une route glissante. Progressivement, elle se fond dans ce nouvel univers et rencontre Jacques en espérant, sans y croire, que la malédiction des gènes s’arrêtera…  Pourquoi Paloma, la narratrice s’adresse à ce Jacques ? Et comment le destin va s’orienter ?

Un roman d’une sensibilité extrême avec une histoire construite autour de personnages plus touchants les uns que les autres. Une plume paraissant légère mais qui en réalité trace des lettres en gras pour appuyer le caractère de chacun dans des envolées teintées des couleurs de la vie face aux turbulences de l’existence. Un hymne à l’espérance, aux mouvances du désir féminin, à la nature, à l’ensauvagement positif et aux relations intergénérationnelles ; la mémoire des anciens pour faire avancer la construction d’une jeunesse qui ne demande qu’à exister et s’épanouir.

« Je pourrais dire que la maison a pris la parole en premier, qu’elle m’a raconté, ce matin-là, sa solitude insupportable, ses petits maux et ses grandes douleurs. Je l’ai écoutée gémir, subjuguée, interdite. Je ne m’attendais à rien de semblable ».

« Tu m’as parlé de la ligne bleue des Cévennes, du tranchant des crêtes, de l’émotion que tu ressentais chaque fois que tu venais ici. J’ai commencé à te détailler sans m’en rendre compte. Ton allure, ton visage, ta chemise ouverte sur ta poitrine. Je me suis étonnée d’avoir envie de te toucher ».

Saint-Jacques – Bénédicte Belpois – Editions Gallimard – Mars 2021

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