Une noisette, un livre
L’ombre du renard
Nicolas Feuz
Si
vous aimez la chasse au trésor, ce livre a été écrit pour vous. Mais prenez
garde, elle ne sera pas sans conséquences et beaucoup de surprises vous
attendent dans ce jeu de pistes où les routes sanguinaires (après tout l’action
se déroule en partie en Corse) croisent des êtres baignés de cruauté.
Après
« Le miroir des âmes », nous retrouvons sous la plume de Nicolas
Feuz, le procureur Norbert Jemsen, la greffière Flavie Keller et l’inspectrice
Tanja Stojkaj, une triade inséparable entraînée sur le mystère du Trésor de
Rommel. Ce n’est pas la première fois que cette légende hante les écrivains
(Jean-François Sers, entre autres) et elle remonte à 1948 lors de la
déclaration faite à la police française de Peter Fleig, un ancien SS tchèque. Ce
dernier aurait participé à l’acheminement de six caisses en bois dans un port
Corse avant d’embarquer au bord d’une vedette pour une destination italienne.
Dans ces caisses, le vol de guerre du général Erwin Rommel, surnommé « Le
renard du désert » qui, lors de ses
campagnes en Afrique du Nord, aurait amassé lingots, bijoux et diamants.
Voilà
pour le côté historique qui est le plat de résistance (sans jeu de mots) de ce
roman policier qui navigue entre deuxième guerre mondiale, secte néonazie et
milieu corse. Mais qui dit énigme dit dédale de situations abracadabrantesques, et, qui dit polar dit scènes où l’hémoglobine jaillit lors de mortels rituels ou
de plats qui se mangent froid… Qui sont réellement les Mariani, qui sont ces
étranges amazones qui prennent plaisir à émasculer leurs victimes, qui est cet
étrange adjudant-chef Beaussant amoureux d’une belle Hélène, qui est Louisette,
quel secret la crypte du couvent renferme-t-elle ? Autant de personnages,
autant de troubles, autant de doutes sur le personnage qui agite les fils d’une
marionnette aux sons bien graves et angoissants. Car si les motifs sont différents,
pratiquement tous n’ont qu’une seule préoccupation à l’esprit : retrouver
le trésor. A n’importe quel prix vu sa richesse !
Comme
votre serviteur l’a déjà dit (mais le radotage est l’une de ses premières
qualités…), l’écureuil n’est pas un inconditionnel de romans policiers. Et
pourtant, il ne pouvait lâcher prise dès qu’il a eu ce livre entre les pattes ; et pas la peine de déclarer
qu’il est le Phénix des hôtes de ce bois, sur ce coup le renard (tiens,
tiens) ne m’aura pas ! Car c’est une armée d’ombres qui secoue le lecteur mais
pour une lecture haletante grâce à la prose de Nicolas Feuz qui sait marier
intrigue thrillesque et rigueur littéraire, aussi bien dans cette Corse aux
effluves méditerranéens que dans cette Suisse aux pentes vertigineuses.
« Le secret d’Etat
n’en était plus un. Il s’était répandu comme une traînée de poudre. Fleig était
surveillé par la police, comme par le grand banditisme, particulièrement actif
à l’époque sur l’île. Il était suivi, épié par des inconnus. Il ne pouvait plus
faire un déplacement sans que quelqu’un l’apprenne. La pression s’accentuait,
Fleig ne s’en rendait pas compte ».
« Ce qui
l’intriguait surtout, c’était le cheminement de cette eau entre l’extérieur du
couvent et le sous-sol de l’église. Un détail l’avait frappé, mais il n’était
sûr de rien. Un détail qu’il avait déjà observé dans certains lieux clos
touchés par la guerre, dans les sous-sols d’immeubles à Gaza ou à
Pristina ».
L’ombre du renard –
Nicolas Feuz – Editions Slatkine & Cie – Août 2019
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