mercredi 3 juin 2020


Une noisette, un livre


 Yonah ou le chant de la mer

Frédéric Couderc




Le 27 août 2008 disparaissait dans la misère absolue, dans l’indifférence générale, un militant des droits de l’homme qui œuvra une grande partie de sa vie en faveur du pacifisme et sera l’un qui facilitera les accords d’Oslo en 1991 entre israéliens et palestiniens. Il avait créé la station de radio « Voice of peace » et son histoire restera tout de même dans les annales du militantisme grâce à une chanson de John Lennon « Give peace a chance ». Cet homme s’appelait Abie Nathan. Son ombre est toujours présente pour celles et ceux qui croient en une réconciliation encore possible dans cette partie du monde, petite par son étendue, immense par son histoire.

Et justement, c’est une petite histoire dans la grande histoire de l’humanité que nous raconte Frédéric Couderc dans son nouveau roman au titre déjà si évocateur « Yonah ou le chant de la mer » : ou comment une colombe peut envoyer un espoir depuis les flots de la tolérance, non un chant des sirènes mais un hymne à l’entente entre les peuples.

Hélène et Zeev Stein forme un couple loué par leur entourage : amoureux, militant, intrépide, leur énergie parait sans limite et c’est forcément auprès de cet avocat des causes perdue qu’un célèbre réalisateur prend conseil pour tourner un biopic sur Abie Nathan avec une star hollywoodienne. Le couple a deux enfants, Yonah et Raphaël, inclassables eux aussi mais avec des parcours beaucoup plus erratiques que ceux de leurs géniteurs. Pourtant, quand le célèbre acteur américain disparait à Gaza tout se dévoile peu à peu et des blessures s’ouvrent à nouveau. La vie du couple n’est peut-être pas aussi rêvée qu’elle le parait et à travers eux se reflètent les faces cachés et intimes de l’existence.

A travers l’histoire d’une famille, l’écrivain décortique habilement tout ce qui peut entraver la paix, qu’elle soit intime ou commune. Avec sa maestria habituelle, il envoie des fléchettes sur l’extrémisme religieux – et fatalement politique – sur l’aveuglement des trafics en tout genre et sur la réelle volonté de rassembler les peuples. Parfois deux nations côte à côte ressemblent  à un couple désirant s’aimer mais confronté à des velléités incontrôlables.

Une lecture portant sur un chant d’espérance malgré les vagues trop violentes des conflits ; puisse ce roman être un appel de la mer, une bouteille livresque à partager pour un apaisement de l’humanité.

Frédéric Couderc – Yonah ou le chant de la mer – Editions Héloïse d’Ormesson – Mars 2020

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