Une noisette, un livre
Nouvelles
Sylvie Ferrando
La
lecture sous toutes ses formes a le don d’éveiller notre sens de la curiosité.
Même si je ne suis pas particulièrement attirée par celle de la nouvelle, force
est de constater qu’elle permet des découvertes inattendues. Avec en prime, le
plaisir de rencontrer des plumes originales.
C’est
le cas avec Sylvie Ferrando qui, en un trop court ouvrage, nous entraîne à
travers une galerie de personnages où l’on croise des peintres – Diego Rivera,
David Hockney – et des personnes qui partagent notre quotidien : des
voisins, un professeur, un libraire, des amoureux… Des portraits intimes où
chaque phrase est un coup de pinceau pour dresser un destin ou tenter de
définir par une palette de vocables les ombres et les lumières, les échecs et
les réussites. S’inspirant de La Bruyère, elle botte en touche, de façon plus
ou moins satyrique par rapport à des univers que doit bien connaître l’auteure
pour y apporter autant de perspicacité.
Si
toutes ont une saveur particulière, j’ai particulièrement apprécié l’histoire
de « La guerre des pigeons », celle de résidants n’en pouvant plus
d’être envahis par une colonie de pigeons nourris pas une vieille dame.
Cependant, avant de juger il faut parfois observer avec sa raison et la
métaphore utilisée est une ode à la compréhension des blessures inguérissables.
Dans
un autre style, celle qui termine le bal est d’un charme indescriptible, une balade
comme si on déambulait dans un Paris rive gauche plus réel que jamais.
Souci
du détail, précision d’un mouvement, regard sur le monde comme un médecin qui
examinerait son patient, ces petites pointes d’écriture qui révèlent tout en
douceur ce qui nous entoure et ce qui fait tourner le monde.
Comme
des nouvelles qui deviendraient intemporelles.
« Georgia se lève, dépose sa
tasse, son assiette et ses couverts dans l’évier et sort. La clarté du soleil
l’éblouit un instant. Elle s’installe au volant de la vieille Jeep et s’engage
sur la route de Santa Fe. La route est poussiéreuse et longée çà et là de
cactus, c’est un long trajet jusqu’aux premières maisons de torchis, à toit de
tuiles ou de chaume, qui marquent l’entrée de la ville construite sur le
désert, Santa Fe est une petite bourgade où logent beaucoup d’hispaniques en
quête de travail saisonnier, une ville de passage où l’on fait des affaires. Ce
n’est pas encore le centre d’art qu’elle deviendra plus tard, quand de nombreux
artistes l’auront élue pour abrite et promouvoir leurs œuvres. »
Nouvelles – Sylvie Ferrando – Editions
Edilivre – Novembre 2019
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