Une noisette, un livre
Les heures solaires
Caroline Caugant
Non
seulement découvrir une histoire inédite est un plaisir de fin lecteur mais il
le devient doublement quand ce même roman initiatique est également l’un des premiers titres d’une nouvelle collection aux éditions Stock : Arpège. Une ligne
musicale et livresque créée par l’éditrice Caroline Laurent.
Billie
est une jeune femme, une artiste. Une graphiste exactement, qui prépare une
prochaine exposition. Elle reçoit soudainement un appel de la maison de retraite
où réside sa mère dans le sud de la France. La directrice lui annonce le décès
brutal de Louise, sa mère, par noyade dans une rivière. Cette rivière va s’avérer
être le théâtre de la destinée de trois générations de femmes, la scène d’un
secret bien caché au fond d’une boîte mystérieuse…
Billie
va partir à la recherche de la vérité sur cette disparition inexplicable mais
également aller secouer ces fantômes qui la poursuivent, ces démons de l’ombre
et tenter de percer le dédale sibyllin d’un monstre fétide, monstres qui
parfois ne peuvent que forcer la fatalité des destins.
Progressivement
le lecteur va faire connaissance de Louise, de sa mère Adèle, d’un certain
oncle Henri et de Léa, l’amie d’enfance de Billie qui, elle aussi, a disparu
brutalement par noyade…
L’eau,
élément de vie et qui est la source des disparitions. Antagonisme qui prend une
densité mouvante, flottante entre saveurs méditerranéennes et souvenirs
entremêlés. Un clapotis, une vague, un torrent de sentiments, de doutes. De
regrets aussi. Sans oublier l’amour, l’amour qui vient, qui s’en va ou qui
n’est jamais venu. Amour englouti sous les eaux du silence, amour à faire
jaillir comme une fontaine d’une renaissance.
Un
roman sombre qui devient solaire (d’où son titre) dans un final éblouissant,
joliment nommé « valse à trois temps ». Une valse lente pour s’offrir
encore le temps, s’offrir les détours d’une remise de soi-même pour un
renouveau. A cette perle littéraire aquatique, le plus bel écrin lui a été
donné : celui d’une écriture nageant dans une poésie subtile, lumineuse
avec pour écran la nature et toutes ses sensations, ses odeurs, ses profondeurs.
Une quête cathartique au service des belles lettres.
« Elle saura
oublier une nouvelle fois. Elle a cette capacité de rayer les choses. Il suffit
d’y travailler avec acharnement ».
« Il l’avait
extraite de sa cachette : c’était une simple boîte, mais elle était
solidement scellée par plusieurs tours de scotch. Il avait hésité, l’avait
soupesé et avait craqué. Lorsqu’il l’avait ouverte, la boîte avait libéré un
fort relent de cave. En découvrant ce qu’elle contenait – un tissu sale – il
s’était senti stupide et s’était et s’était demandé e qui lui avait pris de
s’acharner dessus. Il lui faudrait tout remettre en place, masquer son forfait,
mais sous le tissu, il avait découvert un cahier d’écolier et des feuilles
volantes ».
« Comme l’eau de
la rivière, les secrets enfouis se faufilent, même dans les creux les plus intimes.
Ils vous habitent et habitent vos enfants. Ils dégorgent, reviennent sous une
autre forme ».
Les heures solaires –
Caroline Caugant – Editions Stock/Collection Arpège – Janvier 2019
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