Une noisette, un livre
Famill
Audrey Dana
C’est
l’histoire d’une enfance pas comme les autres, d’une poussée vers le monde des
adultes en dehors de toutes les normes, en dehors de toutes les imaginations. C’est
celle d’une petite fille née d’un amour éphémère entre une mère absente,
évasive, foutraque, et d’un père aimant mais volage comme une plume au vent.
Un soir
au casino, une belle américaine est remarquée par un gars flambant neuf. Elle
est mère d’une petite fille et enceinte, le séducteur décide sur le champ de
donner son nom au futur bébé. De cette union naîtront ensuite deux autres
enfants dont la narratrice. Mais l’amour plus léger que la brise ne durera pas
toujours, le père partira vers d’autres conquêtes féminines tout en gardant un
œil sur sa progéniture, quelquefois présent, souvent absent. Quant à la maman,
elle pourrait être assimilée à un ectoplasme dormant, rêvant à des folies de
grandeur entre quelques bouffées d’herbes ou autres. Bienvenue au royaume du
désordre et des sentiments étranges.
Le
système D fonctionne forcément à plein régime pour la jeune Audrey, entre colère
et espoir, entre désengagement et résistance. Heureusement elle tient encore la
branche de la vie grâce au père qu’elle adore et qui sait comment la faire
avancer malgré la désagrégation de la vie familiale. Sans oublier sa sœur
chérie et son frère si singulier, si attachant dans ses particularités. Sans
éducation, elle se forgera la sienne autour d’êtres loufoques, des hasards de
l’existence, d’enfants en danger, des animaux et de ses grands arbres qu’elle
aime tant, de cette nature qui semble se modeler à son âme, elle, l’enfant sans
racines. De pieds dans la boue, elle arrivera à faire briller les étoiles mais
avec une détermination qui force l’admiration.
Un
récit qui se lit sans que l’on puisse s’arrêter, qui fait tourner la tête
devant tant de situations ubuesques pour une petite fille en mal d’amour et de
confort minimum. Aucune leçon à donner, juste un début de vie à raconter. Parce
que le destin est incroyable, parce que par deux fois la mort a fermé sa porte.
La désormais actrice et réalisatrice ne tourne pas en rond, elle y va franco
avec son crayon pour raconter l’incroyable, elle écrit à l’image de ses débuts
de vie : sans fioritures, sans ambages, avec seulement les éclairs de tout
ce qu’elle a vécu. Et c’est là que réside toute la puissance de sa
narration : la sincérité. Un récit aussi attachant que des noisettes
prêtes à cueillir… pour dévorer la vie à pleines dents.
« Les enfants sont vraiment des
mendiants de l’amour. Faut dire, il y a une grosse carence à la maison ».
« L’inconnu m’excite et je cherche
désespérément la lumière ».
« Transforme tes soupirs en sourires,
force-toi un peu au début… C’est en perdant des plumes qu’on se rend compte
qu’on a des ailes ».
Famille – Audrey Dana – Editions Les
Equateurs – Janvier 2019
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