Une noisette, un livre
Marche blanche
Claire Castillon
Quelque
part en France, une petite fille a disparu. Kidnappée dans un parc quand elle
jouait à cache-cache avec sa maman. Une partie de cache-cache à l’image du
nouveau roman de Claire Castillon qui entraîne le lecteur dans un thriller
psychologique sur les vertiges de l’amour délirant d’une mère.
La
maman raconte, narre, explique. Plus rien ne sera comme avant. Dix ans que la
petite Hortense a disparu, dix ans. Avec toujours un faible espoir de la retrouver.
Carl, le papa, y croit encore et ne cesse d’imprimer des affiches et
d’organiser des marches. Carl, le mari, le « gilet gris » source de
mélancolie et de reproches de la part de son épouse.
Tout
bascule à nouveau dans cet univers de cendres lorsque de nouveaux voisins
emménagent ; un couple et deux adolescents, dont la fille Hélène… qui
ressemble à Hortense. La maman est certaine que c’est elle. De déraison en
déraison, c’est le parcours d’une maman qui aime à la folie. Jusqu’où ira-t-elle ?
Car tout se devine progressivement…
Subtilement,
l’auteure glisse tout ce qui entoure un couple lors d’un drame d’une
disparition d’enfant, au sein même du foyer mais aussi à l’extérieur. Les gens
qui vous regardent avec pitié, avec une crainte inexplicable comme si une
contagion du malheur était possible, les marches qui au fil du temps perdent de
leur intensité… et ceux qui vont tenter d’en profiter pour sortir un
best-seller en manipulant l’histoire pour qu’elle soit populaire et lucrative.
J’avoue
qu’à la réception de ce livre, j’ai hésité à le lire, le sujet étant
terriblement anxiogène. Mais à la lecture des premières lignes j’ai su que
l’écriture allait rendre la lecture envoûtante, captivante, saisissante. Claire
Castillon manipule les mots comme un scientifique avec ses éprouvettes pour des
réactions qui fusionnent immédiatement. Restent les inconnues : ces
raisons qui s’égarent et dont ne sait d’où elles viennent, ces désorientations face
au poids de la maternité et de la paternité, ces failles d’un couple qui doit
continuer à se construire lorsque l’enfant arrive… La tristesse du récit aurait
pu se convertir en une longue mélopée, c’est tout le contraire qui se
produit.
« Marche
blanche » un roman qui pilote à travers les méandres de l’absence, des excès,
de la vésanie. Sans jamais s’égarer.
« Les destins
manquent de lumière pour fleurir, alors ils se fracassent ».
« Je n’épie pas, je
promène mes yeux ».
« Je sens les
choses. J’ai appris à les sentir, parce que je suis une mère-accordéon ».
Marche blanche – Claire
Castillon – Editions Gallimard – Janvier 2020
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