Une noisette, un livre
Moi, Tina Modotti,
heureuse parce que libre
Gérard de Cortanze
Tina
Modotti. Assunta Adelaide Luigia
Modotti, dite tina était née en 1896 à Udine en Italie au sein d’une famille de
six enfants et où l’argent était rare. Travaillant dès douze ans dans une usine
textile elle partira quelques années plus tard à San Francisco pour rejoindre
son père et sa sœur ainée qui vivent déjà aux Etats-Unis. D’un atelier de
confection elle devient mannequin, se faisant remarquer pour sa beauté. Puis,
le théâtre, des films muets mais qui la cantonnent dans des rôles de
« belle et tais-toi ». Le tempérament de Tina, rebelle et volontaire,
ne s’y prête guère. C’est la photographie et l’engagement politique qui front
d’elle une icône libre et libertaire, engagée et militante.
Son
premier mari, Robo, meurt au Mexique, pays qui l’attire et où elle vivra une
passion charnelle intense avec un autre maître de la photographie, Edward
Weston. Progressivement, elle s’engage dans le combat politique, rejoint les
groupements communistes et entretient avec d’autres artistes des relations
débridées. L’argent se fait rare mais peu importe, elle vit intensément ses
passions, sa fougue paraissant inépuisable.
Séparée
de son amant, elle tombe follement amoureuse du révolutionnaire Cubain, Juan
Antonio Mella, qui sera assassiné alors qu’ils rentraient tous les deux chez
eux. Une campagne de diffamation contre Tina Modotti commence, elle est obligée
de s’enfuir et Berlin est la ville qui l’accueille dans son exil. Mais nous
sommes en 1930, le nazisme prend de l’ampleur et la militante antifasciste se
réfugie à Moscou où elle retrouve Vittorio Vidali, militant communiste et qui
sera son dernier amant. Les élans sensuels sont inexistants, seule la politique
unira le couple qui partira en Espagne lors de la guerre civile. Quand elle
quittera le pays ibérique, elle ne doute pas que trois ans plus tard, ayant
retrouvé le Mexique, elle meurt d’une crise cardiaque. Seule dans un taxi. Elle
n’a que quarante-cinq ans.
Après
Frida Kahlo, Violette Morris, Gérard de Cortanze fait revivre sur trois cents
pages un destin exceptionnel d’une femme exceptionnelle par son désir fou de
liberté pour elle et pour les autres. Elle brûlera la chandelle par les deux
bouts mais sa vie sera si intense qu’elle donne l’impression d’avoir vécu un
siècle. Une biographie qui remet en place des vérités pour celle que l’on
surnomma la « Mata Hari du Komintern », trop souvent ignorée pour son
art, cet art de la photographie qu’elle aimait tant et qui d’un côté a
certainement accentué cette envie de se rebeller par ce qu’elle voyait par
l’objectif. Anticonformiste, réfractaire, désirant mener son esprit et son
corps comme elle le souhaitait.
En
prime, cette biographie est un formidable kaléidoscope sur une période bien trouble, au Mexique comme
en Europe, faisant revivre ceux qui ont contribué à ce que la liberté finisse
par l’emporter.
Un
portrait mis à nu que Tina Modotti aurait sûrement apprécié.
Moi, Tina Modotti,
heureuse parce que libre – Gérard de Cortanze – Editions Albin Michel – Janvier
2020
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire