Souvenirs d'un médecin d'autrefois

jeudi 6 février 2020


Une noisette, un livre


 Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre

Gérard de Cortanze




Tina Modotti. Assunta  Adelaide Luigia Modotti, dite tina était née en 1896 à Udine en Italie au sein d’une famille de six enfants et où l’argent était rare. Travaillant dès douze ans dans une usine textile elle partira quelques années plus tard à San Francisco pour rejoindre son père et sa sœur ainée qui vivent déjà aux Etats-Unis. D’un atelier de confection elle devient mannequin, se faisant remarquer pour sa beauté. Puis, le théâtre, des films muets mais qui la cantonnent dans des rôles de « belle et tais-toi ». Le tempérament de Tina, rebelle et volontaire, ne s’y prête guère. C’est la photographie et l’engagement politique qui front d’elle une icône libre et libertaire, engagée et militante.

Son premier mari, Robo, meurt au Mexique, pays qui l’attire et où elle vivra une passion charnelle intense avec un autre maître de la photographie, Edward Weston. Progressivement, elle s’engage dans le combat politique, rejoint les groupements communistes et entretient avec d’autres artistes des relations débridées. L’argent se fait rare mais peu importe, elle vit intensément ses passions, sa fougue paraissant inépuisable.
Séparée de son amant, elle tombe follement amoureuse du révolutionnaire Cubain, Juan Antonio Mella, qui sera assassiné alors qu’ils rentraient tous les deux chez eux. Une campagne de diffamation contre Tina Modotti commence, elle est obligée de s’enfuir et Berlin est la ville qui l’accueille dans son exil. Mais nous sommes en 1930, le nazisme prend de l’ampleur et la militante antifasciste se réfugie à Moscou où elle retrouve Vittorio Vidali, militant communiste et qui sera son dernier amant. Les élans sensuels sont inexistants, seule la politique unira le couple qui partira en Espagne lors de la guerre civile. Quand elle quittera le pays ibérique, elle ne doute pas que trois ans plus tard, ayant retrouvé le Mexique, elle meurt d’une crise cardiaque. Seule dans un taxi. Elle n’a que quarante-cinq ans.

Après Frida Kahlo, Violette Morris, Gérard de Cortanze fait revivre sur trois cents pages un destin exceptionnel d’une femme exceptionnelle par son désir fou de liberté pour elle et pour les autres. Elle brûlera la chandelle par les deux bouts mais sa vie sera si intense qu’elle donne l’impression d’avoir vécu un siècle. Une biographie qui remet en place des vérités pour celle que l’on surnomma la « Mata Hari du Komintern », trop souvent ignorée pour son art, cet art de la photographie qu’elle aimait tant et qui d’un côté a certainement accentué cette envie de se rebeller par ce qu’elle voyait par l’objectif. Anticonformiste, réfractaire, désirant mener son esprit et son corps comme elle le souhaitait.

En prime, cette biographie est un formidable kaléidoscope  sur une période bien trouble, au Mexique comme en Europe, faisant revivre ceux qui ont contribué à ce que la liberté finisse par l’emporter.
Un portrait mis à nu que Tina Modotti aurait sûrement apprécié.

Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre – Gérard de Cortanze – Editions Albin Michel – Janvier 2020

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