Une noisette, un livre
Le miroir des âmes
Nicolas Feuz
Les Alpes suisses sont loin d’être une
haute montagne tranquille. Après l’excellent « Qui a tué Heïdi » de
Marc Voltenauer, c’est son compatriote Nicolas Feuz qui entraîne ses lecteurs
dans une course haletante et cruelle dans les environs de Neuchâtel.
Afin d’éviter toute confusion dans l’esprit
des visiteurs du blog, je vais tout simplement dresser la liste des ingrédients
qui sont intégrés dans ce menu… disons assez consistant :
- Un
procureur
- Un
humanitaire
- Une
greffière et son mari
- Un
sicaire
- Trois
policiers principaux
- Un
maquereau et son banc de poissons
- Une
prostituée
- Un
conseiller d’Etat et son secrétaire
- Quelques
voyous ici et là…
S’ajoutent des éléments
incontournables :
- Un
attentat
- Des
billes de verre
- Un
hôpital
- Une
ferme
- Du
verre de Murano
- Une
tronçonneuse
- Une
cape noire
- Un
masque de loup
- Un taser
et quelques armes
- Un
parfum subtil et enivrant
Vous mélangez le tout sur 265 pages et vous
avec un polar 100% frissons construit autour de ce mystérieux personnage du
Vénitien (pour l’effet surprise j’espère que vous découvrirez son identité un
peu plus tardivement que votre serviteur). Mais il n’y a pas que ce
« souffleur de verre » masqué, il y a aussi le personnage du
procureur Jemsen, amnésique après avoir été sévèrement blessé lors d’un
attentat, acte qui a fait de nombreuses victimes mais dont l’origine et le
commanditaire restent également une énigme. Le magistrat évolue dans le
trouble, seule certitude malgré ses absences, ses relations avec les flics ne
sont guère cordiales…
L’écriture est rythmique à l’image des
faits qui se succèdent, quelques cailloux lancés pour brouiller les pistes et
une sacrée ration de noirceur pour ce tableau thrillesque sanguinaire. Mais
même pour ceux qui sont allergiques à ce genre littéraire, le fil conducteur
est tellement captivant que l’on suit cette cavale mortelle comme une noisette
roulant sur l’herbe.
« La porte de la chambre 503 n’était pas verrouillée. Elle
s’ouvrait vers l’intérieur. L’obscurité était totale, le silence régnait.
Jemsen dormait. A pas de loup, l’intrus s’aventura dans le noir et s’arrêta un
instant, pour que ses yeux s’habituent. Le faible halo de la lampe de chevet
diffusait un fragile faisceau et, sans faire le moindre bruir, se pencha
lentement au-dessus de son visage blessé. Ce serait si facile. »
« Son regard erra un moment entre la lumière froide des
leds du plafond, puis se posa sur une chaise vide en face de lui. Celle où les
magistrats font asseoir ceux qu’ils interrogent. Et à force de regarder la
chaise, le procureur Jemsen crut voir très distinctement Florent, son contact
de la place des Halles, assis devant lui. »
Le miroir des âmes – Nicolas Feuz – Editions Slatkine & Cie –
Septembre 2018
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