Une
noisette, des partitions
Rencontres
musicales au château d’Ainay-le-Vieil
En août
dernier ont eu lieu les premières rencontres musicales au château d’Ainay-le-Vieil situé au « Cœur
de France » dans le département du Cher. Château souvent référencé comme
la Carcassonne du Berry – les remparts, avec neuf tours, sont intacts avec un
pont-levis d’une éternelle jeunesse – il appartient à la même famille depuis
plus de cinq cents ans, autant dire une forteresse qui force le respect !
Les pierres ne sont pas les seuls témoins de ce patrimoine mirifique : des
jardins aux moult senteurs et couleurs ornent l’ensemble du domaine, domaine
que les propriétaires embellissent, transforment avec un seul but : le
respect environnemental en n’utilisant aucun produit chimique et en installant
progressivement ruches, nichoirs (35 actuellement dans l’allée des poètes entre
la roseraie et les chartreuses), un château à insectes, sans oublier un immense
grenier qui n’a pas été restauré volontairement afin de laisser les
chauve-souris héberger sous la toiture à leur guise.
Patrimoine,
histoire. La culture sous toutes ses formes. Manquait un grand rendez-vous
musical. C’est chose faite. Trois journées consacrées à l’art qui était la
raison de vivre de Nietzsche avec orchestre et solistes. Votre serviteur a
déambulé tout le samedi après-midi autour de quatre représentations pour la
modique somme de 8€50, plus exactement 6€50 grâce au Pass privilège de la Route Jacques Cœur (5€ pour un
an avec des réductions sur plus de 30 sites) ; rendre la musique classique
accessible à tous car en même temps le visiteur pouvait rester dans les jardins
jusqu’à la fermeture du parc. Une initiative remarquable qui permet aux petits
budgets de venir en famille et d’apprécier le son d’un instrument et/ou d’une
voix en direct.
Début
du parcours, salle des archers avec… Mozart ! Qui dit mieux… La symphonie
n°35 par l’orchestre du festival dirigé avec brio par David Molard Soriano avec
la présentation de l’œuvre par Constance Clara Guibert qui avait quelque chose
de mozartien dans la voix et le geste.
Puis,
un délicieux petit conte musical, éveillant les petits et ravissant les grands,
narré par la compagnie berruyère Pace – talentueuse cela va de soi – avec quelques
intermèdes musicaux. Autant vous dire que lorsque la bestiole rousse a entendu
les premières notes de Tosca, son panache en a frémi de haut en bas.
Enfin,
le moment tant attendu, redouté en même temps puisque l’écureuil est sans pitié
pour les ténors… Au milieu des arbustes et sous les arbres, Paul Gaugler a
offert un récital allant de Faust au Pays du sourire (et combien de sourires se
sont dessinés sur les visages du nombreux public présent) en passant par des
mélodies de Reynaldo Hahn et des airs ukrainiens. Noisette sur la partition, un
bis de toute beauté avec le fameux « Amor ti vieta » de Giordano »
Heureusement, Eole avait décidé de porter ses ailes vers d’autres horizons, ce
qui a permis au ténor de n’affronter que les notes sans instruments à vent !
Voix claire mais avec des intonations plus sombres pour sublimer le timbre,
aucun vibrato, parfaite diction avec un phrasé de velours. Voix catalysée par l’accompagnement
au piano de Yann Kerninon, justesse et précision avec ce quelque chose en plus
qui personnifie chaque œuvre. Bref, je suis restée pour la deuxième séance…
L’ultime
concert avait lieu dans l’église de Saint-Martin d’Ainay, un peu plus tard.
Mais des balades musicales ponctuaient la déambulation bucolique pour
agrémenter cet après-midi placé sous le signe de la beauté. Ne m’embarquant
jamais sans noisettes, j’avais pris soin de prendre sous la patte « Quelque
chose à te dire » de Carole Fives qui vient de paraître chez Gallimard.
19h00
arrivant, apothéose de la virtuosité avec Benoît Foiadelli au violoncelle et
Fanny Robilliard au violon pour les suites et la chaconne de Bach. Les applaudissements
en disaient long sur la qualité de l’interprétation et je suis restée
émerveillée par l’image de cette petite fille d’environ 3 ans avec ses yeux grand
ouverts sans manquer une seconde de la maestria des deux instrumentistes. Rarissime :
silence de cathédrale – cela dit, dans une église assez logique – pas le moindre toussotement
même pendant les brèves pauses.
Félicitations
aux organisateurs et mécènes pour cette première édition d’une totale réussite.
Chacun attend l’été prochain pour retrouver cette ambiance musicale entre un
adagio fleurie, une pierre chantante et des mouvements pastoraux.
De gauche à droite : Paul Gaugler, ténor, Arielle Borne, propriétaire du château, Yann Kerminon, pianiste |
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