dimanche 4 septembre 2022

 

Une noisette, des partitions
 
Rencontres musicales au château d’Ainay-le-Vieil

 

 


En août dernier ont eu lieu les premières rencontres musicales au château d’Ainay-le-Vieil situé au « Cœur de France » dans le département du Cher. Château souvent référencé comme la Carcassonne du Berry – les remparts, avec neuf tours, sont intacts avec un pont-levis d’une éternelle jeunesse – il appartient à la même famille depuis plus de cinq cents ans, autant dire une forteresse qui force le respect ! Les pierres ne sont pas les seuls témoins de ce patrimoine mirifique : des jardins aux moult senteurs et couleurs ornent l’ensemble du domaine, domaine que les propriétaires embellissent, transforment avec un seul but : le respect environnemental en n’utilisant aucun produit chimique et en installant progressivement ruches, nichoirs (35 actuellement dans l’allée des poètes entre la roseraie et les chartreuses), un château à insectes, sans oublier un immense grenier qui n’a pas été restauré volontairement afin de laisser les chauve-souris héberger sous la toiture à leur guise.




 

Patrimoine, histoire. La culture sous toutes ses formes. Manquait un grand rendez-vous musical. C’est chose faite. Trois journées consacrées à l’art qui était la raison de vivre de Nietzsche avec orchestre et solistes. Votre serviteur a déambulé tout le samedi après-midi autour de quatre représentations pour la modique somme de 8€50, plus exactement 6€50 grâce au Pass privilège de la Route Jacques Cœur (5€ pour un an avec des réductions sur plus de 30 sites) ; rendre la musique classique accessible à tous car en même temps le visiteur pouvait rester dans les jardins jusqu’à la fermeture du parc. Une initiative remarquable qui permet aux petits budgets de venir en famille et d’apprécier le son d’un instrument et/ou d’une voix en direct.  

 

Début du parcours, salle des archers avec… Mozart ! Qui dit mieux… La symphonie n°35 par l’orchestre du festival dirigé avec brio par David Molard Soriano avec la présentation de l’œuvre par Constance Clara Guibert qui avait quelque chose de mozartien dans la voix et le geste.



Puis, un délicieux petit conte musical, éveillant les petits et ravissant les grands, narré par la compagnie berruyère Pace – talentueuse cela va de soi – avec quelques intermèdes musicaux. Autant vous dire que lorsque la bestiole rousse a entendu les premières notes de Tosca, son panache en a frémi de haut en bas.

 


Enfin, le moment tant attendu, redouté en même temps puisque l’écureuil est sans pitié pour les ténors… Au milieu des arbustes et sous les arbres, Paul Gaugler a offert un récital allant de Faust au Pays du sourire (et combien de sourires se sont dessinés sur les visages du nombreux public présent) en passant par des mélodies de Reynaldo Hahn et des airs ukrainiens. Noisette sur la partition, un bis de toute beauté avec le fameux « Amor ti vieta » de Giordano » Heureusement, Eole avait décidé de porter ses ailes vers d’autres horizons, ce qui a permis au ténor de n’affronter que les notes sans instruments à vent ! Voix claire mais avec des intonations plus sombres pour sublimer le timbre, aucun vibrato, parfaite diction avec un phrasé de velours. Voix catalysée par l’accompagnement au piano de Yann Kerninon, justesse et précision avec ce quelque chose en plus qui personnifie chaque œuvre. Bref, je suis restée pour la deuxième séance…

 


L’ultime concert avait lieu dans l’église de Saint-Martin d’Ainay, un peu plus tard. Mais des balades musicales ponctuaient la déambulation bucolique pour agrémenter cet après-midi placé sous le signe de la beauté. Ne m’embarquant jamais sans noisettes, j’avais pris soin de prendre sous la patte « Quelque chose à te dire » de Carole Fives qui vient de paraître chez Gallimard.

19h00 arrivant, apothéose de la virtuosité avec Benoît Foiadelli au violoncelle et Fanny Robilliard au violon pour les suites et la chaconne de Bach. Les applaudissements en disaient long sur la qualité de l’interprétation et je suis restée émerveillée par l’image de cette petite fille d’environ 3 ans avec ses yeux grand ouverts sans manquer une seconde de la maestria des deux instrumentistes. Rarissime : silence de cathédrale – cela dit, dans une église assez logique – pas le moindre toussotement même pendant les brèves pauses.

 



Félicitations aux organisateurs et mécènes pour cette première édition d’une totale réussite. Chacun attend l’été prochain pour retrouver cette ambiance musicale entre un adagio fleurie, une pierre chantante et des mouvements pastoraux.


De gauche à droite : Paul Gaugler, ténor, Arielle Borne, propriétaire du château, Yann Kerminon, pianiste


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