Une
noisette, un livre
Le
colonel ne dort pas
Emilienne
Malfatto
(© Squirelito) |
Quel
est ce colonel d’un pays en guerre qui pourrait être situé aux quatre points
d’une terre qui ne tourne plus rond mais dans le vide et le néant… Seuls les éléments
se sont mis en phase avec le déroulement de ce semblant de vie :
brouillard pour dissimuler ces hommes qui deviennent des choses sous les
incessantes tortures et pluie pour lessiver l’horreur sanguinaire.
Personnage sombre qui n’arrive plus à trouver le sommeil. La nuit ses victimes reviennent le hanter. Double angoisse avec la vue de ces spectres qui refusent d’en dire davantage et l’amère constat de faire son travail, une carapace ayant étant depuis longtemps ficelé dans son cerveau. Pourtant, en constatant ce qui se passe autour de lui, il doute. Il devient inutile malgré son attachement à son statut de militaire, de militaire en guerre. Mais contre qui, contre quoi ? Personne ne le sait. Le lecteur aura la réponse.
Une écriture excessivement poétique pour décrire l’ignominie d’un conflit et la vacuité de ses objectifs. Autant comme la guerre est laide, autant comme ce roman est beau. Une dichotomie qui ne fait que corroborer la force de ce texte.
Emilienne Malfatto a eu la délicatesse d’évoquer le crime de guerre sans en faire de sinistres descriptions qui, bien souvent, entretiennent davantage la morbidité et le voyeurisme que la compassion. Un court roman mais grandiose par la puissance des mots pour dénoncer l’absurdité et l’abomination des guerres et de tout ce qui en découle.
Le colonel ne dort pas – Emilienne Malfatto – Éditions du sous-sol – Août 2022
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire