Une
noisette, un livre
Fièvres
rouges
Judith
Rocheman
Un livre brûlant ! L’histoire d’une jeune femme espagnole dont le père est
tombé sous les balles des franquistes et le beau-père – le compagnon d’armes du
père pendant la guerre civile espagnole – réfugié en France a été victime de la
Shoah. En toute logique, sa fille Julia est communiste et veut militer
pleinement au sein de ce parti. Elle est reçue par un membre très actif du
comité, Sergueï, d’origine russe, et va loger dans son appartement en attendant
de trouver du travail. Elle se méfie aussitôt de lui, grand séducteur il tourne
autour de la belle Espagnole, semble violent et humilie sans cesse son épouse
Émilie. Épouse qui va devenir l’amante de Julia et toutes deux vont s’enfoncer
dans un militantisme effréné. Mais, le vent glacial qui souffle d’Est en Ouest
va se répercuter sur le ménage en provoquant une guerre intime. Comment Julia va
faire face à toutes les menaces tout en continuant à diffuser les valeurs qui
la forgent depuis l’enfance ?
Un roman haletant et qui relate parfaitement les conditions de la femme dans les années 50 qui étaient loin d’être idylliques ; à part le droit de vote accordé en 1945 leur statut s’apparentait à celui d’une éternelle mineure. Politiquement, le combat mené contre le nazisme par les communistes fait que ce parti était devenu très populaire au lendemain de la guerre, même si Thorez était loin d’être idéalisé. Sans oublier que la majorité ignorait les crimes de Staline. Judith Rocheman décrit très bien cette histoire française et internationale et c’est ce qui fait la force du roman malgré quelques incohérences : par exemple, Sergueï qui est suivi par les sbires du parti pour trahison et qui va tout de même à la cérémonie d’hommage à Staline, et d’un texte qui aurait mérité une meilleure relecture.
Hormis
ces quelques bémols, un premier roman à lire, qui traduit très bien le
militantisme aveugle – souvent sincère à la base – et que chaque côté de l’espionnage n’héberge
pas des enfants de chœur ; une mention spéciale pour l'évocation de l’émancipation des
femmes, la tolérance sexuelle et combien, via l’épisode de l’avortement
clandestin, se dire que l’IVG doit être défendu à l’infini.
Fièvres
rouges – Judith Rocheman – Éditions Plon – Octobre 2022
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