vendredi 3 septembre 2021

 

Une noisette, un livre
 
Mon mari
Maud Ventura

 


On ne connaîtra jamais les prénoms de la femme et de son mari. Peu importe. Madame raconte, parle, relate, étale chaque minute de cette semaine qui semble avoir duré un mois tant elle a besoin de spécifier tout ce qu’elle a dans son cœur pour le porter vers son époux chéri. Enfin chéri… c’est à voir.

C’est une femme amoureuse, on veut bien la croire tellement elle le dit, le répète tel un mantra : elle l’AIME et ne cesse de penser à lui, de jour comme de nuit, en n’importe quel lieu et même avec ses élèves en cours d’anglais. Amoureuse mais pas forcément heureuse car elle a peur, peur de ne pas être aimée, d’être abandonnée… pourtant quinze ans de mariage et deux enfants, progéniture qu’elle met de côté avec aisance pour privilégier la relation avec son mari. Et le surveiller, on ne sait jamais.

Seulement, Monsieur est loin d’être bienveillant comme ce terrible jour lors d’un jeu avec un couple d’amis où l’on s’amuse à comparer sa moitié à un fruit, le fait qu’il l’imagine en clémentine ne fait pas de quartier ! La révolution orange est en passe de devenir rouge sanguine ! Et puis cette habitude de fermer les volets, de vouloir dormir dans le noir alors qu’elle aimerait tant voir l’aurore arriver, de ne pas l’embrasser sur la bouche en public, de ne pas suffisamment lui dire qu’elle est belle – parait que cette femme est d’une beauté renversante et aucune autre ne peut lui arriver à la cheville, la sienne certainement légèrement gonflée. Alors, la gente dame se venge, elle punit, oh en douceur surtout pour elle lorsqu’elle part dans les bras d’un autre homme pour quelques heures de vengeance, éphémère mais torride.

Un premier roman original, délicieusement écrit avec un assaisonnement humoristique qui met un sacré piment à l’histoire. Cette femme agace, déconcerte, amuse ; on ne sait si elle est fragile ou surdouée, égocentrique ou complexée, dominatrice ou victime,  saine d’esprit ou en perturbation régulière, voire psychopathe. La chute coule automatiquement et même je l’aurais imaginée en XXL, plus mordante encore.

Si les manuels de savoir-vivre de Nadine de Rothschild ont été d’une méritoire aide pour la protagoniste, nul doute que « Mon mari » est un excellent ouvrage pour harmoniser la vie d’un couple, à condition de suivre cette dame dans le sens inverse à ses propos. Sans oublier de veiller à bien suivre quelques cours de mathématiques avant de tromper votre partenaire car sinon une racine carrée peut faire basculer géométriquement les plans et élargir le problème aux plusieurs inconnues de l’amour.

Mon mari – Maud Venture – Editions L’Iconoclaste – Août 2021

Livre lu pour le Prix Littéraire de la Vocation

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