Une noisette, un livre
La loi des hommes
Wendall Utroi
A la fin du XIXI° siècle, le pays de sa très Gracieuse Majesté est sous la menace d’un scandale pouvant ébranler la couronne britannique : le duc de Clarence, fils ainé du prince de Galles et possible héritier du trône est suspecté d’entretenir des relations particulières dans un lupanar londonien aux côtés de Lord Arthur Sommerset. A l’époque, ce n’est point l’exploitation des hommes prostitués qui fait scandale mais le fait que l’homosexualité soit une pratique illégale… Wendall Utroi a converti cette affaire en un roman noir aussi captivant que terrifiant, décrivant les conditions du plus vieux métier du monde dans la misère londonienne et le sort des enfants – filles ou garçons – devenus des esclaves du sexe, de très jeunes vierges monnayées pour le plaisir de la haute bourgeoisie s’encanaillant le temps de quelques saillies dans les tréfonds de l’immondice humain.
Jacques est fossoyeur à Houtkerque, petite commune rurale dans les environs de Dunkerque. Suite à un arrêté municipal il doit faire un peu de place parmi les trop anciennes concessions. En dégageant l’une d’elles il trouve près du squelette un coffret. Tellement étonné et curieux d’en savoir plus, il le ramène chez lui – le coffret pas le squelette – pour l’ouvrir et découvrir un carnet intact qui semble être le journal de bord d’un inspecteur de Scotland Yard sous le règne de la reine Victoria : J. Wallace Hardwell. Seul bémol, le texte est en anglais. Discrètement – car sa femme est révoltée par le vol commis par son époux – il va demander à sa fille de lui traduire. Débute alors la terrible histoire du très empathique policier et de sa confrontation avec des âmes parfois bien noires…
Un seul regret en refermant ce livre : ne pas l’avoir lu plus tôt tant ce thriller est terriblement attachant par l’image de cet inspecteur terriblement humain face à l’horreur qu’il découvre lors de son enquête. A l’instar de Jacques, le lecteur va se plonger dans ce récit, ne souhaitant que prolonger les découvertes avec au final la tristesse de devoir quitter une si noble personne. Ecrit comme on aimerait que les romans policiers le soient tous, c’est un mélange subtil des époques et de métaphores pour relater la cruauté de l’exploitation sexuelle sous toutes ses formes, la manipulation des êtres sans défense, l’hypocrisie de la bien-pensance à géométrie variable, la perversion de l’argent, l’immunité des puissants et l’ingratitude des hommes et des femmes envers ceux qui ne veulent qu’alléger le poids des afflictions et de l’injustice.
« J’évoluais dans un monde où la justice ne se montrait sévère qu’envers les pauvres, les misérables, les petits. Son glaive se soulevait, s’abattait telle la foudre quand l’indigent avait volé, mais il tremblait lorsque l’aristocrate avait violé, abusé, exploité. Et quand cette épée ne vacillait pas, une main habile détournait sa course, ou écartait le coupable du tranchant de sa lame ».
La loi des hommes – Wendall Utroi – Editions Slatkine & Cie – Octobre 2020
4 commentaires:
L'écureuil va plus vite que moi, ce roman est dans ma PAL pour l'été... hâte de le lire ! Merci pour ce retour ! ❤️
Je suis vraiment très heureux que ce roman vous ait plu. Merci pour cette magnifique chronique.
Wendall
@hildegarde Même si point de montagne dans ce roman, le bouquetin va adorer ! Bonne lecture !
@WendallUTROI merci à vous pour ce riche moment. Noisettement vôtre,
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