Une noisette, un
livre
Le monde selon
Joseph Conrad
Maya Jasanoff
Joseph
Conrad né Josef Teodor Konrad Korzeniowski est avant tout un marin avant d’être
un écrivain. C’est cette histoire que narre Maya Jasanoff pour relater comment
le célébrissime auteur a puisé son inspiration au sein de sa carrière maritime.
Si l’Asie du sud-est a été le territoire le plus fréquenté par Conrad, il n’en demeure pas moins que l’Afrique a laissé des traces dans l’esprit de l’aventurier, en particulier le Congo, pays où s’est d’ailleurs immiscée l’écrivaine pour s’imprégner dans les pas de Joseph Conrad.
Cette
nouvelle biographie permet de confirmer combien Conrad était sombre. Déjà par
sa naissance, le décès prématuré de sa mère, le romantisme de son père, la
fuite, les exils puis l’engagement pour naviguer sur les flots de l’humanité
mais qui ont fait plonger le jeune Joseph dans le cœur des ténèbres humaines.
De « La folie Almayer » à « Nostromo » en passant par l’incontournable « Lord Jim » Conrad n’a cessé, entre cynisme, humour et violence, de décrire tous les contours d’une civilisation, notamment dans ses dérives colonialistes et mercantiles. Mais l’autre aspect plus spectaculaire est sa vision du monde futur, celui où les Etats-Unis deviendraient maître, où le capitalisme allait se transformer en jungle dans toutes les vésanies de la mondialisation.
Biographique. Mais pas seulement. Ce sont aussi des récits de voyage, si bien racontés que parfois c’est presque une houle qui va déborder des pages. Conrad devient soudain moins énigmatique, plus transparent dans ses tourments à l’image d’un George Orwell ou d’un Stefan Zweig.
Les vents ont continuellement accompagné Joseph Conrad, des vents sombres, des vents mauvais provoquant tempêtes et dépressions mais peut-être qu’une douce brise lui est venue quand il rencontré Jessie George et qu’elle est devenue sa femme. Mais à vous lecteurs de découvrir toutes ces navigations intérieures avec la capitaine Maya Jasanoff qui vous embarquera au bord de son vaisseau pour un voyage à travers le temps et pourtant surprenant d’actualité.
« Le problème pour Conrad n’était pas que les « sauvages » fussent inhumains. C’était que n’importe quel humain pût être un sauvage ».
« En écoutant son ami colombien, Joseph Conrad savait une chose à coup sûr : l’avenir serait américain. Cela ne lui plaisait pas du tout ».
« Désormais, prédisait-il, plus aucune guerre ne sera menée pour une idée. L’argent était tout ».
Le monde selon Joseph Conrad – Maya Jasanoff – Traduction : Sylvie Taussig – Editions Albin Michel – Novembre 2020
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