Une noisette, un livre
Il faut se quitter déjà
Jean-Luc Coatalem
A
l’instar de l’adage que les meilleurs discours sont les plus courts, il en est de
même parfois pour les romans. Et lorsque la dernière page se tourne, un seul
regret, celui de se quitter déjà avec Mathieu et Mathilde.
Mathieu est journaliste et attend depuis son hôtel de l’avenue Belgrano à Buenos Aires de partir pour remonter le fleuve Paràna et offrir un récit de voyage à ses lecteurs. Mais impossible d’embarquer. Son billet d’avion n’étant ni remboursable, ni échangeable, il doit trouver quelque chose, hormis une interview. Et c’est là que surgit Mathilde, jeune étudiante française venant d’arriver en Argentine, où elle ne connait personne, pour effectuer un stage dans une grande firme de cosmétiques. L’un et l’autre font connaissance et, évidemment, le quadragénaire va mentir sur toute la ligne : il se rajeunit, précise qu’il est divorcé et que son statut d’historien va lui permette d’être le compagnon d’expédition du grand explorateur uruguayen César Berutti pour trouver la légendaire cité inca de Païtiti située dans la forêt amazonienne péruvienne. Jusqu’où Mathieu ira-t-il dans ses mensonges ? Comment un tel engrenage peut-il se terminer ? Et qui est réellement Mathilde car elle a caché son véritable prénom : Hélène.
Une histoire qui peut sembler banale au premier abord mais qui prend une toute autre dimension grâce à l’écriture de Jean-Luc Coatalem avec un final qui claque comme le crépitement d’un incendie. Les métaphores originales pour exprimer les errances de Mathieu et sa vision physique sur Mathilde deviennent un voyage au pays des mots, des phrases en cascade qui s’inscrivent sur la verticalité des sentiments tortueux, affabulations annonçant une chute.
En
parallèle, l’écrivain journaliste, nous fait visiter Buenos Aires et ses
environs, et, surtout, nous plonge dans cette mystérieuse expédition sur un
trésor inca. Si le nom du chercheur est inventé, cette expédition a récemment
été réalisée – comme d’autres – par l’équipe de Thierry Jamin qui depuis plus
de vingt ans parcourent l’Amazonie à la recherche des cités perdus. Si Païtiti
reste à ce jour introuvable, ces recherches ont permis de découvrir d’autres
sanctuaires incas comme celui de la vallée de Lacco qui se trouve justement sur
le chemin de Païtiti, qui serait le dernier refuge des Incas fuyant l’envahisseur
espagnol.
Mystères des peuples racines contre mystères des âmes contemporaines.
Il faut se quitte déjà – Jean-Luc Coatalem – Editions Le Livre de Poche – Avril 2009
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