mardi 28 juillet 2020

Une noisette, un livre
 
Etymologies pour survivre au chaos
Andrea Marcolongo

 

Des mots et encore des mots. Qui prennent racine dans l’antiquité et qui sont une fontaine dans notre source quotidienne de partages, d’échanges, de découvertes. Les mots contre les maux dans toute la fulgurance de la maestria d’Andrea Marcolongo.

Par mon résumé, vous trouverez chaque mot choisi par l’auteure pour offrir une odyssée des chemins de l’âme et ses moyens le plus terriens pour s’exprimer : le langage avec pour métaphores des couleurs : le mélange (Krasis), la couleur pers (Glaukos), le cyan (Kyaneos), le pourpre (Porthyreos), le noir (Melas), le blanc (Leukos), le rose (Rhodon), le bronze (Xanthos) et l’indigo (Indikon).

 

Tout commence par un mélange en entrant dans un labyrinthe. La confusion est totale et il en faudrait peu pour devenir nerveux. Tel un migrant on n’espère rien d’odieux, ni de détestable une fois le chaos derrière soi. Personne pour trahir quand explosera le feu de la joie.

Puis, la couleur pers filtre doucement, avec une délicatesse infinie, provoquant un délice pour les yeux. On se met à regarder le ciel pour y trouver toute la poésie à lire ou à imaginer. Dans une posture d’ingénu, on perçoit un nuage se développant en fleurs et le cœur devient pétale en espérant un jour de s’éprendre pour goûter au bonheur, à la félicité, tout ce qui fait aimer la vie.

Le cyan succède à la manière d’une nature morte, un tableau qui pourrait paraître noir mais qui en réalité colore pour apaiser l’anxiété, l’angoisse, pour éviter les cauchemars et atténuer la douleur. Même si on affronte la solitude, il ne faut jamais se jeter dans un quelconque abandon tout en prenant conscience que tout est mortel et que l’éternel serait toxique. Vivons, tout simplement.

Le pourpre prend la place dans toute sa flamboyance couleur de vin. Telle une passion soudaine, le temps d’un voyage, loin de la rage du monde. L’ambition alterne avec l’enthousiasme, comme une virgule sur chaque étape de la vie. Une catharsis en quelque sorte. Au fait, si on allait voir un loup ?

Une éclipse en plein jour, fait rarissime. Tout devient noir et tout devient triste. A qui la faute ? A la guerre que les hommes continuent à entretenir ou à une tache invisible dans l’univers ? Pourtant, la jalousie n’est pas la seule responsable dans cet omnibus des existences. Ne tombons pas dans la mélancolie, regardons à travers cette lumière diaphane, quelle soir diurne ou nocturne, la nuit suivons la chouette qui en sait beaucoup plus que nous. 

Soudain une étincelle jaillit, du crépuscule nait, fulgure une lumière, une lumière tout de blanc vêtu, aussi claire qu’une pleine lune dans toute sa majesté et sans aucun dissimulateur. Une merveille pour qui sait voir, regarder. C’est un phare qui s’élève dans le firmament, l’être aimé qui envoie un baiser, un ami retrouvé, un arc-en-ciel offrant une fontaine de couleurs.

Bref, la vie en rose, en couleurs et en fleurs. Garder confiance, sans pour autant occulter un tabou ou un paradoxe. Partir aux confins de son âme comme un papillon qui s’envole, développant ses ailes vers un climax de beauté.

Juste avant de peindre un dernier contour, tracer un chemin de bronze où s’élève un cerf-volant. Il a la forme d’un animal habillé de vert-de-gris ; ce n’est pas une blague même si d’aucuns peuvent être surpris. Et pourtant, c’est simple comme effeuiller la marguerite, poser un grain sur le destin.

Enfin l’horizon apparaît dans toute la magnificence d’un indigo, si grandiose que le regard se porte en même temps vers l’Orient et l’Occident. L’étymologie est une belle aventure, aussi étrange que le processus de la soie, aussi bienfaitrice pour donner un sens à chaque chose. Embarquons tous dans cette montgolfière du langage pour retrouver la liberté.

« Nous nous demandons trop souvent, avec obsession, quel est le prix de la vérité, oubliant combien le coût des mensonges est élevé ».

« A la manière des livres dans une bibliothèque ou des objets dans une armoire, les mots sont notre façon d’indexer, de classer l’univers. De poser des repères sur la réalité, construisant ainsi une carte de mots pour éviter de nous égarer ».

« Je ne m’occupe pas de politique, car je considère que l’écriture est déjà en soi un acte politique ».

« Quel spectaculaire jeu de lumière, de réflexion et de réfraction sont les langues et les mots qu’elles ont pour l’exprimer ».

« Prendre les confins comme une issue pour sortir et se laisser aller. Aller à la rencontre de ce qui advient, parce que les portes ne servent pas seulement à être fermées à double ou à triple tour. Les portes existent surtout pour accueillir et laisser entrer la lumière, être ouvertes aux au vent, aux autres ».

« Il n’y a rien de plus beau que la lumière parée d’or du soleil à son coucher ».

« Les mots sont l’antidote et le remède à l’incurie ».

Etymologies pour survivre au chaos – Andrea Marcolongo – Traduction : Béatrice Robert-Boissier – Editions Les Belles Lettres – Juin 2020

Livre reçu et lu pour Masse Critique de Babelio

 


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