Une noisette, un livre
Les magnolias
Florent Oiseau
Un
roman qui roxe du poney écrit par un auteur qui ne monte jamais sur ses grands
chevaux. Tout est au poil dans ce récit, du début à la fin et inversement,
enfin lisez tout de même dans le bon sens, ce sera mieux.
Alain
est l’antihéros absolu, un perdant insignifiant qui devient progressivement un
outsider, puis un sacré personnage ! Acteur sans rôle, il déambule dans
une ville aussi triste qu’un bonnet de nuit planté dans un arbre mort, regarde
les émissions de téléréalité, passe saluer Rosie dans sa caravane de travail, a
entrepris de recenser tous les noms de poney et rend visite à sa grand-mère une
fois par semaine qui est résidente dans la maison de retraite « Les
Magnolias ». A l’image de ses collègues, la vieille dame se perd dans un
monde qui n’est plus le sien ; comme autre visite hebdomadaire elle a
celle de son fils, Michel, qui est le reflet des anxiolytiques qu’il ingurgite.
Pour
ami, Alain a Rico, un type énigmatique, escroc sur les bords mais qui
redonnerait vie aux fantômes, avec un mot qu’il a scellé en lui : amitié. Voici
pour la distribution des rôles.
Tout
scénario mérite une réalisation en parfaite harmonie. C’est chose faite avec la
plume de Florent Oiseau qui trace d’encre les pages comme une caméra qui
défilerait sur les errances de la vie, en y apportant une écriture originale,
un humour à faire rire un poisson rouge et à faire pleurer pour de vrai un
crocodile.
Et
puis, il y a cette fin. Cette fin qui est un début. Un début à tout. Un tout
dans son ensemble. Un ensemble d’espoir. Un espoir pour redonner le sourire. Un
sourire qui sèche les larmes. Des larmes qui deviennent des ondées de
positivisme. Du positivisme qui fait de ce livre une ode à la vie et à ses
surprises inespérées. A condition de s’accrocher, de donner un peu de soi-même
en balayant les préjugés sur les uns et les autres et en croyant en une étoile.
Celle de Florent Oiseau est une fée. Une fée livresque qui aimerait se pencher
sur tous les lecteurs qui liront Les Magnolias.
« Quand on y
réfléchit un peu, de façon honnête, quand on passe du temps dans les maisons de
retraite, dans les hôpitaux, alors on comprend qu’on ne plaint pas les vieux,
qu’on n’est pas triste pour eux. On est triste pour nous, triste de s’imaginer
à leur place un jour ou l’autre. C’est toujours soi qu’on plaint le plus, et de
loin ».
« Selon toute
vraisemblance, il ne se souvenait pas de son spectacle d’art contemporain. Je
voyais bien que ce n’était pas feint, son regard ne menait nulle part. J’ai
pris soin de garder quelques détails pour moi ».
« Elle faisait des
tourtes, mais elle aimait les hommes aussi. J’avais toujours – par ignorance –
pensé ces deux activités incompatibles, comme si l’on pouvait scinder le monde
en deux. D’un côté, ceux qui font des trous à la fourchette dans une pâte
feuilletée, de l’autre, ceux qui s’abandonnent dans les champs de fleurs de
l’Ombrie. Un cœur, mais aussi un corps. Une mère, une amante, une paysanne, une
épouse, une grand-mère, une sœur. Un pilier, un rempart, un souffle, une
confidente. Une femme ».
« La vie finit
toujours par revenir chercher les oubliés sous les porches des gares de
province ».
Les magnolias – Florent
Oiseau – Editions Allary – Janvier 2020
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