Une noisette, un livre
Sonate pour Haya
Luize Valente
Du
Berlin des années 40 à Rio de Janeiro des années 90, Sonate pour Haya est
l’incroyable destin d’un bébé né à Auschwitz et sauvé par un officier nazi.
C’est l’histoire que va découvrir Amalia suite à une conversation téléphonique entendue
par mégarde entre son arrière grand-mère Frida et son père Hermann. Ce dernier
a fui son Allemagne natal pour résider au Portugal et de l’union avec Helena
est née Amalia. La fille ignore tout le lourd passé familial, son père refusant
de narrer ce qui s’est passé. Amalia, sans avertir ses parents part pour Berlin
pour rencontrer cette aïeule qui va lui révéler l’existence d’un secret :
la partition d’une sonate composée par son grand-père, Friedrich. Officier nazi
il avait rêvé d’être musicien. Malgré l’obéissance qu’il voue au régime
hitlérien il découvre en 1944 l’horreur d’un camp d’extermination avec une
scène irréelle : une femme accouchant à même le sol. Bravant l’interdit,
il emporte le bébé pour le sauver des flammes du diable et promet à la maman
juive, Adele, de tout faire pour sauver la petite Haya et qu’elles se
retrouveront bientôt. Une photo, une partition, c’est tout ce qui reste de
Friedrich. Officiellement mort et suivant les doutes de son arrière grand-mère,
Amalia part pour le Brésil pour découvrir toute la vérité.
Un
roman d’une émotion inénarrable, d’autant plus qu’il se base sur une période de
l’histoire plus que sinistre et que l’auteure s’est inspirée de la vie de Maria
Yefremov, survivante du camp d’extermination de triste mémoire.
Ayant
déjà lu quantité de romans basés sur la Shoah ou de documents relatant la
géhenne nazie, je ne pensais pas découvrir autant de faits encore inconnus. A
travers ces personnages, le récit prend une dimension bouleversante, tant que
certains passages vous arrachent les larmes. Parce que tout simplement des
millions d’humains ont connu la déportation, la torture et que de nos jours des
familles entières disparaissent encore à cause d’une guerre ou d’une dictature
sanglante.
Une
histoire également de transmission à travers les âges, évidemment, mais aussi
les nations. Amalia, d’origine allemande, se retrouve au Brésil pour entendre
Adela, déportée et qui lors de son arrivée au camp s’est trouvée face au cruel
Dr Mengele, qui, lui-même, s’est réfugié en Amérique Latine pour fuir la
justice. Une roue qui tourne mais avec des craquements assourdissants et puisse
cette mémoire être entendue, répétée. Indéfiniment pour qu’elle ne se renferme
jamais dans les silences des blessures inguérissables.
Un
livre superbe dans les sentiments et qui met en valeur le soleil des cœurs même
dans les plus funestes épines de la vie. Ce n’est pas seulement un hommage à
ceux qui ont souffert, qui ont lutté, c’est aussi une façon de mettre le
lecteur en communion totale avec l’histoire et lui laisser prendre une leçon
d’humilité sur les pas de l’humanité prise dans les griffes de l’inhumanité. Le
tout avec une plume que Luize Valente sait parfaitement maîtriser pour que
sémantique rime avec empathique.
« Plus je me
rapproche, et plus j’ai peur. Je vais à la rencontre du passé. Mais on ne peut
changer le passé ».
« L’être humain ne
veut pas savoir ce qui se produit réellement en temps de guerre, car si tel
était le cas, il en tirerait des leçons et ne répéterait pas les mêmes erreurs.
Chaque guerre est enterrée lorsqu’une nouvelle commence et vient faire oublier
celle qui la précède. Le passé devient l’Histoire ».
Sonate pour Haya – Luize
Valente – Traduction : Daniel Matias – Editions Les Escales – Octobre 2019
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