Une noisette, un livre
Vers la beauté
David Foenkinos
Camille.
Camille comme Camille Claudel. Camille comme un portrait. Enigmatique, joyeuse
et triste, confiante et perdue. Camille avant, Camille après…
Un
drame touche Camille, dans sa chair, dans son âme. Alors que le criminel garde
la tête haute, Camille culpabilise, a honte, a peur. La rencontre avec Antoine
Duris, professeur aux Beaux-Arts de Lyon n’arrivera pas à la sauver. Lui,
sombrera dans le mutisme, la léthargie et pense que seule la beauté pourra lui
faire retrouver la lumière. Il abandonne alors son emploi, son appartement et
part sur Paris pour un poste de gardien de salle au musée d’Orsay. Hasard ou
coïncidence, signe du destin ou miracle de l’instant, il se retrouve face à un
portrait, celui de Jeanne Hébuterne, la compagne de Modigliani qui se suicidera
après le décès du jeune peintre. Croisement de vies, croisements de tragédies,
croisements des histoires sur le chevalet des cœurs meurtris. Avec l’art en
filigrane, pour se souvenir, pour perpétuer les talents, pour ne pas oublier. Comme
décrit dès le premier paragraphe « le
passé dépose une trace insolite sur le présent ».
David
Foenkinos avec sa délicatesse habituelle entraine le lecteur dans un récit où
se mêlent drame et espoir, le noir se mariant avec le blanc pour une multitude
de nuances de gris se déposant sur la palette des mots. Qui, peu à peu,
passent du foncé à l’éclaircie avec juste quelques touches de cendré pour
marquer le désespoir de Camille. Tel un chimérique savant, il dose chaque
chapitre avec des teintes qui attisent la lecture et donnent l’impression, non
pas de vivre un roman, mais une peinture. Seul petit bémol, combien il eut été jubilatoire de croiser davantage de paragraphes entre Modigliani, Jeanne Hébuterne et Orsay…
Un
récit qui charmera les amateurs du beau, cette manière de « mettre du rose sur les moments de
désespoir ». Désespoir de Camille qui ne pourra plus supporter
l’insouciance, l’arrogance de son violeur… ce livre est aussi un message fort,
un message profondément humain pour les femmes victimes de crimes sexuels. Et
face à la laideur de certains êtres, se tourner vers l’élégance des sentiments
de ceux qui voient en la beauté « le
meilleur recours contre l’incertitude ».
Vers la beauté – David
Foenkinos – Editions Gallimard – Février 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire