Une noisette, un livre
Théodora, prostituée et
impératrice de Byzance
Virginie Girod
La
fille de l’hippodrome de Constantinople, la fille du dresseur d’ours, humble
parmi les humbles ne pouvait imaginer qu’un jour elle épouserait Justinien et,
deux ans plus tard, en 527, deviendrait impératrice de Byzance.
Véritable
mythe, elle n’a cessé de susciter admiration et haine. Admiration parce qu’elle
fut une femme exceptionnelle, féministe avant l’heure ; haine parce que jalousée pour sa beauté et rejetée pour son
passé, celui de danseuse et courtisane. Son plus fervent détracteur a été
Procope de Césarée et la plupart des sources écrites viennent de lui. D’où la
délicate tâche de mener une biographie de Théodora.
Virginie
Girod, spécialiste de l’histoire des femmes et de la sexualité dans
l’Antiquité, s’est lancée dans cette gageure en prenant soin d’extraire tout ce
qui semblait absurde et dénué d’authenticité en essayant de recouper les faits
avec d’autres sources.
Cette
biographie est non seulement un portrait stupéfiant de Theodora mais aussi une
plongée dans ce monde antique où s’élève une nouvelle civilisation après la
chute de l’empire romain. Instructif, d’ailleurs, de voir que les opprimés
d’hier sont souvent les bourreaux du lendemain, ce que les chrétiens avaient
subi sous Rome, les païens eurent ensuite les mêmes traitements… Captivant,
également, cette étrange modernité de Byzance, certaines idéologies des siècles
suivants se sont sûrement inspirées de ces préceptes du monde ancien…
Quant
à Theodora, son parcours est à couper le souffle. Issue de milieux populaires,
danseuse et, logiquement, prostituée, il lui a fallu une force, un courage, une
détermination, pour arriver à franchir tous les carcans de la haute société,
pour passer des lambeaux à des vêtements de pourpre. D’une grande beauté, elle
a su jouer de ses charmes mais est devenue la plus fidèle des épouses en se
mariant avec Justinien. Ensemble, ils ont mené une politique commune, une
avancée en symbiose et quelques mesures humaines en faveur notamment des
prostituées. En toute logique, Theodora n’allait guère dans les sentiments,
pour pouvoir résister et assurer sa position, elle se montrait impitoyable
voire cruelle. Elle n’en reste pas moins fascinante et peut être classée parmi
les premières féministes de l’Histoire par son énergie à vouloir être libre et
insoumise.
Formidable
revanche sur le destin pour cette ancienne courtisane, qui à l’instar des
acteurs, mimes, danseurs étaient frappés d’infamie et n’avaient droit à aucune
dignité. Elle est devenue un mythe et est encore célébrée parmi les Chrétiens
d’Orient.
Théodora, prostituée et
impératrice de Byzance – Virginie Girod – Editions Tallandier – Mars 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire