Une noisette, un livre
Qui a tué Heidi ?
Marc Voltenauer
Quand une plume délicate brosse une
histoire peuplée d’âmes sombres.
Quand une élégance raffinée signe un écrit
d’une noirceur déconcertante.Quand les sommets des montagnes font plonger dans l’abysse de la perversité humaine.
Quand l’amour essaie de vaincre les contours ténébreux de la cupidité des êtres.
Quand la culture, la psychologie, la religion s’invitent autour d’une mortelle randonnée...
C’est un roman policier qui s’offre à vos yeux et qui, sur un tempo largo moderato, va rythmer une lecture aussi assourdissante que fantastique.
La tranquillité des montagnes suisses n’est
qu’un mirage dans « Qui a tué Heidi ? » où vont s’entrecroiser un
tueur à gages, une mafia immobilière, un pervers forcément intriguant, un
couple de pasteurs et des éleveurs. Au milieu (et même sur les côtés) de cette
funeste ambiance, l’inspecteur Andreas Auer et son compagnon Mikaël, journaliste, vont tenter
d’éclaircir cet imbroglio mais à leurs risques et périls... Une accumulation de
personnages et d’évènements mais qui ne vont jamais faire perdre le fil de la
lecture dans cette course contre la mort, au contraire, c’est un ingénieux
dosage de nuances de gris obscur pour renforcer les capacités inventives du
machiavélisme criminel.
445 pages qui pourraient rassembler à un
Everest littéraire mais qui est simplement une ascension aux multiples
rebondissements avec chutes vertigineuses garanties.
L’une des premières qualités d’un roman
policier est de permettre d’apporter un effet de surprise non seulement dans le
déroulement de l’action mais aussi dans le dénouement. Marc Voltenauer réussit
à brouiller les pistes et votre museau de fin limier en prend un coup sur le
bec même si quelques hypothèses se révèleront exacts.
Les autres vertus de ce polar sont
l’écriture précise, à la fois facile et recherchée, les longues descriptions
jamais ennuyeuses, quelques bouffées d’air pur pour adoucir un parcours
sanglant, la touche touristique du village de Gryon qui donne des noisettes
d’envie de faire un saut chez nos voisins helvétiques et la narration touchante
d’un couple homosexuel.
"Quelques jours auparavant, Antoine et Erica étaient libres. A présent, ils étaient tous deux enfermés entre quatre murs. Andreas songea à la rapidité avec laquelle tout pouvait changer et parfois nous échapper. Un jour libre, le lendemain captif. Dans d'autres cas, c'était : un jour riche, le lendemain miséreux. Ou encore : un jour vivant, celui d'après mort. Sic transit gloria mundi - ainsi passe la gloire du monde."
Qui a tué Heidi ? – Marc Voltenauer – Editions Slatkine
& Cie – Août 2017
2 commentaires:
Waouh sublime chronique !!! J’ai hâte de le lire !!
Et hâte de connaître ton avis ;-))
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