Une
noisette, un film
Plonger
Un livre, un film. Un roman écrit par un
homme, une réalisation signée d’une femme... la parité absolue pour une
histoire complémentaire servie par un duo prestigieux d’acteurs Si l’ouvrage de
Christophe Ono-Dit-Biot portait sur la transmission, le long-métrage de Mélanie
Laurent souligne un portrait de femme éblouissant, celui d’une femme éprise de
liberté, à l’instar de Carmen, « libre elle est née, libre elle mourra (…)
cette chose enivrante, la liberté, la liberté ».
Paz (Maria Valverde), une femme qui aime
l’amour mais qui ne le recherche pas, amoureuse mais rebelle. Elle charme,
enivre, surprend. Dès le début du film, sa relation avec César (Gilles
Lellouche) sera passionnée mais
forcément dangereuse. Pas de clichés habituels sur les rencontres, les
préliminaires, on entre directement dans l’intimité du couple et le spectateur
sait que rien ne sera rose, ce sera du gris, du cendré comme une cigarette
brûlé trop vite, mais aussi, qu’il y aura du bleu, des nuances maritimes pour
un amour constamment sur des vagues, parfois houleuses. César est fou de sa
belle espagnole mais sa fougue l’empêche de comprendre sa compagne et il
devient de plus en plus possessif.
Progressivement le film va s’attarder sur
les heurts, l’étouffement de Paz « On peut se sentir vieille quand on ne
prend plus de décisions », sur la naissance du petit Hector, une grossesse
non désirée de la part de la génitrice, qui fait la joie de son papa mais qui
empêche la maman de réaliser ses rêves.
Si les deux premières parties sont
focalisées sur le personnage de Paz, la dernière est une dédicace à César qui
crie son désespoir au milieu des paysages mirifiques, entre mer et montagne sous
la chaleur du soleil de la péninsule arabique. La caméra se déplace de plus en
plus lentement, s’attarde sur les regards, les larmes naissances, mais toujours
avec une pudeur extrême. Peu de dialogues, les images suffisent. Quant à la
fin, c’est une submersion de beauté, on plonge en apnée, on est hypnotisé
par la danse aquatique des hommes et de sa majesté le requin. On voudrait que
le film s’éternise, que le regard du squale reste à l’infini sur l’écran, le
tout sublimé par une musique céleste qui envoûte la salle obscure et vous ferait croire
au merveilleux...
« Te vas Alfonsina
Con tu soledad
Que poémas fuiste a buscar
Una voz antigua
De viento y de sol
Te requiebre el alma
Y la esta llevando
Y te vas hacia alla
Como en sueños
Dormida Alfonsina
Vestido de mar »
Plonger de Mélanie Laurent avec Maria
Valverde, Gilles Lellouche, Ibrahim Ahmed, Marie Denarnaud – Novembre 2017
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