Une noisette, un livre
La Disparition de Josef
Mengele
Olivier Guez
Auschwitz.
Pandemonium réel de l’horreur dans toute sa monstruosité. La Shoah, la solution
finale, ce fut des assassinats par milliers, par millions, des tortures et… des
expériences médicales par les « docteurs de la mort », oxymore total
et absurde. Pourtant ces médecins ont existé et combien d’entre eux ont échappé
à la justice, n’ont jamais été condamné pour des crimes inqualifiables. On
pense de suite à Aribert Heim et Josef Mengele. C’est ce dernier qui est le
sujet du dernier roman d’Olivier Guez « La Disparition ».
Le
récit débute en 1949 quand « l’ange de la mort » débarque en
Argentine, nation d’un continent qui va devenir une terre d’accueil (ou plutôt
de cachette) pour un chiffre incalculable de nazis. Et si, par exemple, Klaus
Barbie a fini par être rattrapé par la justice, beaucoup couleront des jours
tranquilles (ou presque), tel Josef Mengele qui s’éteindra sur les côtes
brésiliennes en 1979. 30 ans de liberté totale…
La
forme du roman permet de donner une dimension excessivement puissante à cette
tragédie de l’impunité et du caractère absolument déconcertant de Josef Mengele
qui ne « s’abandonnait jamais à un sentiment humain » !
Egoïste,
narcissique, insensible pour les autres, paranoïaque… la liste des
qualificatifs envers ce bourreau est longue ; la seule consolation est de
se rendre compte qu’il n’a jamais été vraiment heureux dans cette fuite, il se sentait traqué et paniquait
à chaque instant… lui qui jouissait de dominer les déportés, qui riait du sort
funeste de milliers de juifs, qui faisait régner la terreur était, en fait, un
piètre couard, incapable de prendre seul une décision et sans l’aide de sa
riche famille et d’amis plus solidaires que lui, il aurait terminé beaucoup
plus rapidement dans les ténèbres de la mort lente…
Récit
qui permet de sombres réflexions sur la responsabilité de ceux qui aident des
criminels de masse à s’enfuir, à ces dictatures qui se soutiennent les unes
aux autres même si, parfois, les buts et idéaux politiques sont différents, à
cette tendance à protéger ou à oublier parce que d‘autres enjeux sont à affronter.
Et puis cette notion de culture, d’éducation, qui est loin d’être une arme
infaillible contre l’intolérance et l’extrémisme : nombre de nazis étaient
des amoureux de la littérature et de musique, Mengele sifflant de notes de « Tosca »
en acheminant les déportés vers les chambres à gaz… el lucevan senza stelle…
Un
ouvrage à lire, relire parce que l’histoire ne doit jamais être effacée. A l’éblouissement du style et de l’écriture d’Olivier
Guez, se côtoie la noirceur désarmante sur cette scélératesse dont est capable
certains êtres dénommés humains. Et ce, sans avoir l’once d’un regret et
pensant sincèrement qu’ils agissent pour le bien de l’humanité…
La disparition de Josef
Mengele – Olivier Guez – Editions Grasset – Octobre 2017
Livre
reçu grâce aux Editions Grasset et la communauté Orange Lecteurs
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