Une noisette, un livre
Les serviteurs inutiles
Bernard Bonnelle
N’ayant pas lu depuis un certain temps de
romans historiques, c’est avec un appétit de fin gourmet que je me suis jeté de
toutes pattes sur « Les serviteurs
inutiles » de Bernard Bonnelle. L’histoire se situe entre 1561 et 1593
dans le Périgord, époque où les guerres de religion fouettaient le
royaume de France avec comme point culminant, si j’ose m’exprimer ainsi, le
massacre de la Saint –Barthélémy, le 24 août 1572, d’abord sur Paris et ensuite
en province.
C’est dans ce contexte rouge sang, que l’on découvre Gabriel, ancien combattant des guerres d’Italie, qui essaie de d’éloigner de ce monde de ténèbres, dans son domaine des Feuillades, entre les feuilles d’un arbre, le vol d’une hirondelle et ses écrits où se côtoient herbiers et héros de l’Antiquité. Avec sa femme Louise, il aura deux enfants, un fils Ulysse et une fille Phœbé, des prénoms pas très catholiques mais ô combien emblématiques… Des étoiles, des sages de l’antiquité… il dialogue avec eux en silence et semble être un homme un peu effacé par rapport au tumulte religieux derrière les collines.
Son fils Ulysse est son contraire. Timide
et d’aspect fragile, il grandit dans un contexte familial à la fois soudé et
distant. Seule sa petite sœur Phœbé semble l’émouvoir, ce petit peuplier
différent qui ne parle pas, ne grandit pas et a les yeux bridés… mais entre les
deux, une grande communion existe. Les années passant, il devient un fervent
catholique et seule cette religion
trouve grâce à ses yeux et encore plus à son âme, malgré son cœur qui balance
pour Flore, protestante et fille du pire ennemi de la famille. Un jour Phœbé
rejoint les étoiles éternelles et aussitôt Ulysse quitte le foyer familial avec
pour seul regret celui de quitter sa chère mère. Son père, il le déteste, ne lui
trouve plus que des défauts et surtout il devient profondément blessé quand il
apprend qu’il rejoint fréquemment le lit de la servante…Timoré il était, ardent
combattant il va devenir. Mais cette épopée belliqueuse et religieuse, le fera
revenir sur ses terres d’origine avec un esprit bien transformé.
« Je ne m’accommode d’une morale, d’une sagesse, d’une
religion que si elles
sont indulgentes à nos errements et ne prétendent pas éradiquer
l’ivraie dont j’aime apercevoir quelques hautes tiges dans le champ où pousse
le bon grain. »
Les serviteurs inutiles – Bernard Bonnelle – Editions de La
Table Ronde – Février 2016
Livre lu dans le cadre du Prix Littéraire
de « La Voix des Lecteurs » organisé par le Centre du Livre et de la
Lecture en Nouvelle-Aquitaine
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