Une noisette, un livre
D’ébène et d’or
Jean-Louis Lesbordes
Participant
à La Voix des Lecteurs 2018 qui, cette année encore, offre une belle vitrine
aux romans personnels et peu connus, ceux de ces auteurs bien souvent anonymes
mais qui ont quelque chose à nous dire, à faire partager. Ces petites histoires
qui s’entrechoquent et qui se fondent dans cette immense épopée de l’humanité.
« D’ébène
et d’or » de Jean-Louis Lesbordes fait partie de la sélection et c’est mon
coup de noisette de ce jury. Du début du XX° siècle jusqu’aux années 60, c’est
une histoire de transmission de père en fils entre le département des Landes et
le Gabon. On passe de l’ère de « l’homme de fer » à l’ère de « l’homme
de bois », du grand-père forgeron, au père menuisier, pour un petit-fils
devenu médecin, le narrateur de cette généalogie aux parfums français et
africains.
Une
lecture touchante, très touchante, mais aussi instructive en replongeant dans
cette façon de vivre au temps jadis… je vous parle d’un temps où la course n’existait
pas, où on prévoyait à long terme sans se soucier de la rapidité à la mise en œuvre
de tel ou tel projet, où on se plaignait rarement, aller de l’avant avec
souvent beaucoup de solidarité envers les uns et les autres. Cependant, tout n’était
pas mieux autrefois… la dureté au labeur, les distances à parcourir… et un
enfermement d’esprit envers l’étranger, envers celui qui est différent. Ce qui
permet à l’auteur de nous livrer une sacrée dose de réflexion sur la
colonisation et les sentiments des blancs envers le peuple noir, l’humain à la
peau foncée n’ayant plus eu sa place dans son propre pays, où l’autochtone était
réduit quasiment à un objet : un exemple parmi d’autres, la plupart des
serviteurs étaient rebaptisés par un prénom générique, Roger pour les hommes,
Marie pour les femmes…
De
courts chapitres, un ordre chronologique, des phrases précises, l’ensemble
permet une lecture facile et pourtant très riche en anecdotes et en pensées. Un
livre hommage d’un petit-fils à ses
géniteurs où l’écrit est d’ébène et le cœur en or.
"Cette plante tu la verras sur des meubles, des monuments ou des sculptures. elle orne des chapiteaux des temples grecs et romains depuis plus de deux mille ans. C'est le symbole de la réussite, du triomphe sur l'adversité et sur la mort, la vie est pleine d'épreuves : ce sont les piquants de l'acanthe. la feuille reverdit et redémarre, c'est le triomphe de la vie".
"C'est à l'usine qu'il a prit ses plus grandes leçons d'humanité et de solidarité".
"Ces hommes, perdus dans le froid et déchiquetés par la mitraille, étaient pour ce prêtre un symbole de l'absurdité de la guerre. Depuis 1919, il parcourait l'Afrique explorant les langues et les coutumes de ces indigènes. il était conquis par leur sagesse, leur vitalité, leur soif de vivre et leur connaissance intime de la forêt, des lacs, des plantes, des arbres, des animaux".
D’ébène et d’or – Jean-Louis
Lesbordes – Editions La Cheminante – Avril 2016
Livre
lu dans le cadre du Prix Littéraire de « La Voix des Lecteurs » organisé
par le cCntre du Livre et de la Lecture en Nouvelle-Aquitaine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire