Une noisette, un livre
Yarshagumba
Constantin Simon
Nom de code : yarshagumba
Nom scientifique : Ophiocordyceps sinensis
Aspect : genre mi-chenille mi-larve qui rampe sur les hauteurs de l’Himalaya
Utilisation : un des plus vieux remèdes de la médecine traditionnelle chinoise
Vertus : bénéficie d’un passeport anti-âge et rigole à la barbe du Viagra
Valeur : lingot fongique
Risque : guerre civile
Bénéfice livresque : a été la source d’inspiration pour un roman d’aventures signé Constantin Simon
Le jeune guide Victor martin est envoyé par son agence pour aller découvrir une région reculée du Népal. Avec l’aide de deux sherpas il s’engage sur les chemins escarpés – euphémisme – de l’Himalaya et risque à plusieurs reprises de s’effondrer, tant, qu’un accompagnateur finit par le transporter sur son dos. Le pauvre garçon pense que sa vie va s’arrêter entre une paroi glissante et un éboulement de terrain mais on le force à ingurgiter un ingrédient qui n’a guère un aspect accueillant : l’or brun du Tibet alias le champignon le plus réputé pour tout prescripteur ayurvédique : le yarshagumba. Rapidement la force lui revient et lors d’un campement de base il fait la connaissance de Tara, une jeune tibétaine aussi intrépide que séduisante. La vitalité étant aussi revenu dans la partie intime de son être, Victor va partager des moments érotiquement grandioses. Mais le bonheur sensuel va se rompre à l’arrivée d’une espèce de yéti, un ancien combattant maoïste à la tête d’un trafic juteux avec ce parasite aux vertus magiques. Départ direction la Chine pour un périple de tous les dangers.
Une lecture beaucoup moins éprouvante que le parcours de voyagiste, on prend même un malin plaisir à suivre le protagoniste par monts et frayeurs en espérant tout de même qu’il s’en sortira sain et sauf – là je ne vous révèle rien, à vous de le découvrir. A la fois drôle et sérieux, rocambolesque et réaliste, ce roman – sans en avoir l’air – retrace un morceau d’histoire du Népal, lors de la guerre civile des affrontements eurent lieu pour s’accaparer le contrôle de cette poule aux œufs d’or.
Chers voyageurs livresques, vous pourrez apprécier également les déambulations fantastiques sur le Toit du monde et cette immensité himalayenne, fruit de toutes les imaginations même sans la prise de cordyceps (ou autre substance plus hallucinogène). Parce que si le décor est la montagne avec toute sa beauté et ses dangers, l’acteur principal reste ce champignon, champion toute catégorie pour l’érection des pics !
« Tous adoptèrent la technique d’Iman : il ne fallait pas éviter la glace, comme les novices ont tendance à le faire, mais faire corps avec elle, se laisser glisser dessus comme un patineur, éprouver son mille-feuille de couches. Avec les tièdes et les hésitants, la glace était sans pitié. A ceux qui lui faisaient confiance elle donnait tout : sa magnificence au soleil de midi, son kaléidoscope mélancolique au crépuscule, ses méditations sidérales la nuit. C’est ce qui fascinait Victor : la glace parlait et l’on pouvait apprendre à dialoguer avec elle : un tâtonnement du pied et elle indiquait l’épaisseur d’un bloc, la fragilité d’un bras, faisait sentir les veines et le sang qui coulaient sous son ciment. Il est d’usage d’aimer la neige et de craindre la glace, mais sur le Chadar les codes s’inversaient et c’est la neige qui était fourbe ; cachant les crevasses, elle masquait la vraie nature des choses. Victor apprit à s’en méfier ».
Yarshagumba – Constantin Simon – Editions Arthaud – Avril 2021
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