Souvenirs d'un médecin d'autrefois

lundi 23 mars 2020


Carnet de noisette d’un écureuil confiné


 Un rendez-vous




Ce soir, du haut de mon arbre, j’ai donné rendez-vous à l’universalité, à un être qui est présent, à des horaires différents, à toutes les encoignures du monde. Parfois absent, parfois trop ardent. Je ne savais pas s’il allait venir, comme toutes les sommités il peut s’avérer capricieux voire altier.

Je le connais sans le connaître. Je l’aime sans qu’il sans doute et ses sentiments à mon égard sont inexistants. Et pourtant il a répondu à ma demande. Il est venu, je l’ai vu et une fois encore il m’a vaincu.

Son charme est sans pareil, sa flamboyance est légendaire, admiré de tous, vénéré depuis la nuit des temps, chanté par les aèdes de toutes les époques. Ce séducteur invétéré ne connaît aucun outsider ; comment pourrait-on se mesurer à lui ! Curieusement sa fidélité est exemplaire même s’il partage sa vie avec des milliards d’êtres vivants. Selon les époques ou selon les latitudes, il devient réconfort, espoir mais peut devenir étouffant en voulant trop étreindre.

Je le regarde, je le dévisage. Ses traits me sont connus mais ils sont variables selon ses humeurs. Je le discerne bien après tant d’années de vie commune. Mais je continue à le boire du regard tout en prenant garde de ne pas fixer ses pupilles brulantes. Doucement je ferme les paupières comme si j’allais recevoir un de ses baisers, sentant sur ma peau la caresse de ses rayons.

Sa générosité vespérale a été immense. Ses visites avant la tombée du crépuscule se transforment en une caverne des merveilles faisant oublier le fardeau des jours passés et espérer des lendemains plus radieux. Sa beauté rayonne, son élégance majestueuse éblouie. Il semble loin et pourtant si proche. Il se déploie tout doucement, aidé par un léger zéphyr, traçant des lignes aux allures de jonquilles, puis ses formes rougissent de devoir se dénuder avant d’entrer dans les draps nocturnes célestes. Peintre de l’espace il ajoute quelques touches d’indigo avant de pâlir pour laisser place aux étoiles qui vont briller et veiller sur le firmament de nos âmes, offrant quelques touches sereines dans nos esprits confus.



1 commentaire:

Crayon a dit…

c'est magnifique !

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