Souvenirs d'un médecin d'autrefois

samedi 26 août 2017


Une noisette, un livre

 

Les buveurs de lumière

Jenni Fagan


 

« Une personne que j’ai rencontrée un jour m’a dit qu’on pouvait boire l’énergie du soleil, la stocker dans ses cellules pour devenir fort. Elle a dit qu’on devrait tous faire ça. C’est comme une réserve d’énergie à l’intérieur de nos cellules ; elle a dit qu’il y des pèlerins buveurs de lumière qui le font tout le temps : c’est comme ça qu’ils résistent à l’obscurité, en stockant le plus de lumière possible ».
Nord de l’Europe. Année 2020. Le dérèglement climatique provoque la dérive d’icebergs et le monde entre dans une période glaciation où il neige en Israël et sur les côtes africaines. L’Europe grelotte, gèle, congèle. Et l’Ecosse s’apprête à vivre la fin du monde.

Tout commence avec l’un des protagonistes de ce nouveau roman de Jenni Fagan , Dylan, un géant tatoué qui quitte Londres et Soho après le décès de sa mère et sa grand-mère. Il atterrit dans la petite communauté de Clachan Fells peuplée d’étranges personnages au premier abord. Il va se lier avec deux femmes, Constance qui fait briller la lune et sa fille Stella (Cael auparavant ). Au fur et à mesure il va découvrir des secrets de famille, entre rires et larmes. Et beaucoup de tendresse aussi. Des instants de vie, ces petites choses qui forment un tout, d’un simple bonjour à une promenade en vélo sur la glace.

Ce n’est pas l’écriture de Jenni Fagan qui surprend le plus mais ses descriptions. Il y a des livres solaires, celui-ci est lunaire, parce que dans l’irréel surgit le réel, parce que dans le chimérique se décrypte la réalité. Quant aux étoiles, elles sont omniprésentes. Dans le ciel, mais aussi dans le cœur des protagonistes, ces petites étincelles qui font avancer, rarement reculer.
Un roman que l’on pourrait orienter comme une  tendance apocalyptique mais qui est loin d’être un crépuscule. Au contraire c’est une aurore boréale aux couleurs de la poésie et qui s’achève par un espoir, celui d’un printemps en dépit de la catastrophe humaine qui se produit. Un printemps qui à travers la fiction de l’auteure ne sera possible si les peuples prennent conscience de l’importance de l’environnement et de la nécessité d’ouvrir les yeux, tendre la main, comprendre les personnes qui sont différentes. Ne pas juger mais tolérer. Ne pas détruire mais construire.

Les buveurs de lumière – Jenni Fagan – Traduction Céline Schwaller – Editions Métailié – Août 2017

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