Une noisette, un livre
La fin de la solitude
Benedict Wells
Jules, le personnage central
de ce nouvel opus de Benedict Wells a un mot pour désigner Alva, l’adolescente
puis la femme qui va accompagner son parcours de vie : la délicatesse. Ce
même vocable peut s’employer pour résumer « La fin de la solitude ». Comme
si l’auteur avait caressé les touches de son clavier avant chaque chapitre pour
donner corps à ses personnages tout en sculptant avec une pudeur extrême les
tourments d’une enfance brisée.
Après un accident de moto et
sortant du coma, Jules voit défiler sa vie, son passé, ses rêves d’enfant
anéantis par un drame. Il repense aux jours heureux avec sa famille, ses
parents, son frère Marty et sa sœur Liz, l’arbre de la cour avec sa petite
cabane. Puis, la fatalité, le destin. Orphelin, il va se retrouver séparé de
son frère et sa sœur, ils sont tous les trois différents mais pourtant unis. Il
va falloir apprendre une autre façon de vivre et, heureusement, il y a la
rencontre avec Alva, aussi énigmatique qu’elle est belle. De l’enfance, on
passe à l’adolescence, puis à l’âge adulte. Avec ses sursauts, ses creux, ses
vides… comme des vagues plus ou moins violentes sur les blessures qui ne
cicatrisent pas, que l’on veut cacher, que l’on voudrait oublier mais qui
reviennent, inlassablement. Surtout quand une nouvelle blessure vient se poser
juste à côté de la précédente. Alors, on essaie comme on peut de vaincre ses
craintes, ses doutes, ses cauchemars, chacun à sa façon, parfois avec sagesse,
parfois avec folie. Jusqu’à s’enivrer et plus encore avec la drogue qui
tournicote autour de vous.
Chacun des enfants va
évoluer différemment mais un trio restera dans leur tête : la nostalgie,
l’amitié, l’amour. Mais l’ennemi invisible est là, il tourne, apparait,
disparait, nargue, tente de vous diminuer, ressurgit. Cet ennemi invisible
c’est la douleur à jamais de la catastrophe soudaine de l’enfance, assez fertile
pour se reproduire. Malgré tout, la résistance est là. Parce que la vie
continue…
Ecriture brillante et
élégante, et surtout, cette délicatesse pour exprimer beaucoup tout en glissant
un voile quand les sentiments ou les faits vont se dénuder complètement. Pour
narrer cette fiction avec autant de subtilités, on se demande si le jeune
auteur n’est pas troublé avec son passé. Ce qui est certain, c’est que le
légendaire romantisme allemand est bien vivant : le sombre de la nature et
de sa beauté, les méditations sur la mort, le sentiment de culpabilité, les
tourments de l’amour, l’inconscient et la poésie.
Malgré l'immense tristesse qui se
dégage de certaines pages, c’est l’esthétique des sentiments qui l’emporte,
comme si le parfum d’une rose arrivait à soulever les épines incrustées dans la
peau.
La
fin de la solitude – Benedict Wells – Traduction Juliette Aubert – Editions
Slatkine & Cie – Août 2017
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