Une
noisette, un anniversaire
Moltes felicitats Josep Carreras
Inutile
de revenir sur les rôles interprétés, les récitals offerts, le
parcours artistique maîtrisé à la perfection. Il est Don José, il
est Don Carlo, il est Stiffelio. A chaque fois, ce n’est pas une
interprétation mais une vie partagée avec un personnage. Le tout
enveloppé dans une voix incomparable par un timbre plus que rare et
un phrasé à mettre à genoux les plus réfractaires aux voies
d’opéra.
Josep
Carreras n’est pas qu’un artiste. Il est une personne dont
l’humanité n’a pas de limites, doué d’une sensibilité qui
émeut jusqu’au plus profond de son âme. Cet âme avec laquelle il
chante, avec laquelle il interprète, avec laquelle il tend la main à
ceux qui luttent pour leur vie, avec laquelle il a combattu les injustices de la planète.
Une
date restera à jamais marquée dans ma mémoire. Celle du 21 juillet
1988. Ce jour-là, le ténor fait son retour dans sa ville natale
après un an de traitements éprouvants, une leucémie s’étant
abattue sur lui le 13 juillet 1987. Guéri, il revient. Mais pas que
pour lui. Pour les autres aussi. Désormais, sa vie sera également
consacrée à la lutte contre la leucémie, pour ceux qui n’ont pas
la possibilité d’avoir les meilleurs traitements, pour ceux qui se
retrouvent isolés. La Fondation Josep Carreras est créée, puis des
filiales ouvrent, notamment en Allemagne qui sera désormais son
deuxième pays. Une banque de moelle osseuse, REDMO, prend jour
quelques années plus tard en 1991 en Espagne ( il n’en existait pas), des
unités scientifiques se sont développées aux quatre coins du globe et
un centre de recherche européen unique au monde est créé près de
Barcelone IRCL Josep Carreras.
Concerts
bénéfiques, recherche de partenaires, bénévoles, un travail
prodigieux est fourni avec les hématologues et spécialistes
mondiaux. Non seulement une main tendue mais la ferme conviction
qu’un jour la leucémie soit curable pour toujours et pour tout le
monde. Car avec Josep Carreras, c’est l’universalité qui compte.
A l’instar de la musique, la recherche est sans distinction de
couleur de peau, d’âge, de sexe, de religion...
Lorsque
j’ai découvert à travers l’écran en 1977 ce jeune ténor au
festival d’Aix-en-Provence, je ne pouvais penser que ma vie serait
imprégnée, par la suite, de son parcours. Sa voix était magnétique
mais pour des motifs personnels, je ne l’ai plus considéré comme
simplement un artiste après 1987. Les larmes de joie coulant sur le
visage en ce soir du 21 juillet 1988 en applaudissant ce retour à la
vie. Puis, les autres concerts, les rencontres avec des malades dont
certains sont devenus mes amis. Cette force que j’ai croisée à
travers les patients a donné une autre dimension à mon existence et
depuis c’est une immense gratitude qui est gravée au plus profond
de mon cœur.
Moltes
gracies Josep Carreras, moltes gracies. I per molts anys !
Pour suivre l'actualité du ténor, un blog http://josepcarreras-tenor.blogspot.fr/
Retrouver l'interview du directeur de la Fondation Josep Carreras ici
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