Souvenirs d'un médecin d'autrefois

lundi 5 décembre 2016


Une noisette, un anniversaire

Moltes felicitats Josep Carreras





5 décembre 1946. Entre mer et montagne naissait ce jour-là Josep Maria Carreras Coll. Aujourd’hui, après une carrière au sommet et des épreuves à chaque fois surmontées, l’illustre ténor catalan célèbre ses 70 ans.

Inutile de revenir sur les rôles interprétés, les récitals offerts, le parcours artistique maîtrisé à la perfection. Il est Don José, il est Don Carlo, il est Stiffelio. A chaque fois, ce n’est pas une interprétation mais une vie partagée avec un personnage. Le tout enveloppé dans une voix incomparable par un timbre plus que rare et un phrasé à mettre à genoux les plus réfractaires aux voies d’opéra.

Josep Carreras n’est pas qu’un artiste. Il est une personne dont l’humanité n’a pas de limites, doué d’une sensibilité qui émeut jusqu’au plus profond de son âme. Cet âme avec laquelle il chante, avec laquelle il interprète, avec laquelle il tend la main à ceux qui luttent pour leur vie, avec laquelle il a combattu les injustices de la planète.

Une date restera à jamais marquée dans ma mémoire. Celle du 21 juillet 1988. Ce jour-là, le ténor fait son retour dans sa ville natale après un an de traitements éprouvants, une leucémie s’étant abattue sur lui le 13 juillet 1987. Guéri, il revient. Mais pas que pour lui. Pour les autres aussi. Désormais, sa vie sera également consacrée à la lutte contre la leucémie, pour ceux qui n’ont pas la possibilité d’avoir les meilleurs traitements, pour ceux qui se retrouvent isolés. La Fondation Josep Carreras est créée, puis des filiales ouvrent, notamment en Allemagne qui sera désormais son deuxième pays. Une banque de moelle osseuse, REDMO, prend jour quelques années plus tard en 1991 en Espagne ( il n’en existait pas), des unités scientifiques se sont développées aux quatre coins du globe et un centre de recherche européen unique au monde est créé près de Barcelone IRCL Josep Carreras.

Concerts bénéfiques, recherche de partenaires, bénévoles, un travail prodigieux est fourni avec les hématologues et spécialistes mondiaux. Non seulement une main tendue mais la ferme conviction qu’un jour la leucémie soit curable pour toujours et pour tout le monde. Car avec Josep Carreras, c’est l’universalité qui compte. A l’instar de la musique, la recherche est sans distinction de couleur de peau, d’âge, de sexe, de religion...

Lorsque j’ai découvert à travers l’écran en 1977 ce jeune ténor au festival d’Aix-en-Provence, je ne pouvais penser que ma vie serait imprégnée, par la suite, de son parcours. Sa voix était magnétique mais pour des motifs personnels, je ne l’ai plus considéré comme simplement un artiste après 1987. Les larmes de joie coulant sur le visage en ce soir du 21 juillet 1988 en applaudissant ce retour à la vie. Puis, les autres concerts, les rencontres avec des malades dont certains sont devenus mes amis. Cette force que j’ai croisée à travers les patients a donné une autre dimension à mon existence et depuis c’est une immense gratitude qui est gravée au plus profond de mon cœur.

Moltes gracies Josep Carreras, moltes gracies. I per molts anys !

Pour suivre l'actualité du ténor, un blog http://josepcarreras-tenor.blogspot.fr/
Retrouver l'interview du directeur de la Fondation Josep Carreras ici












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