Noisette
montagnarde
Escarpées
Marlène
Mauris
« Si
on ne croit pas en la poésie, alors la vie ne sert à rien »
Les
montagnes ne sont pas les seules à être vertigineuses, certaines plumes le sont
aussi.
Henri et Annette ont trois filles et évoluent dans cet espace de roches, de cimes, de pentes au fil des quatre saisons. La primo-romancière Marlène Mauris, invite le lecteur à passer une année à leurs côtés dans cette tranquillité toute relative. Un drame va bouleverser cette famille tiraillée par les silences, les non-dits et l’amour qui a du mal à s’exprimer. L’arrivée d’une jeune Française va semer encore davantage de doutes mais aussi laisser quelques sentiments transpirer : sa botte secrète, l’amour de l’art.
Écriture exquise pour narrer le quotidien de cette famille du Valais, loin de l’image de carte postale des Alpes, même si les plus belles envolées poétiques sont les descriptions de cet environnement grandiose. Cependant, la dureté des existences, l’âpreté des relations déchirent les êtres qui se referment sur leurs paradoxes.
Un texte excessivement touchant qui souligne en parallèle l’importance de la transmission, que s’ouvrir aux autres et montrer davantage ses joies et ses peines seraient les meilleurs antidotes pour adoucir les chocs de la vie. Sans oublier, l’essentiel : les relations humaines et l’humilité de la nature.
Noisette sur le livre, les illustrations de Pierre-Yves Gabioul qui reflètent parfaitement cette fiction aux multiples métaphores : la neige, les arbres, les ravins, le vol des oiseaux. Qui mieux que la nature pour paraphraser les mamelles des existences abreuvées simultanément par la beauté, l’évasion et les dangers !
Un premier roman parfaitement maîtrisé, proche d’une symphonie pastorale mêlant tendresse, humour et réalité.
« Feodora entreprend ses rangements et nettoyages quotidiens. Elle commence à s’habituer à ce foyer, ses recoins et ses araignées qu’il est interdit de déloger, toutes garantes qu’elles sont de la qualité sanitaire du lieu. Cette maison ne ressemble en rien à celles qu’elle a habitées jusque-là. Tout semble animé, vivant et symbiotique. Le bois craque et respire, la pierre du toit pèse de tout son poids, et le sol vibre au rythme des pas qui la franchissent matin, midi et soir. La bâtisse vit son existence propre, sa mémoire imprime tous les souvenirs de ceux qui la traversent dans le tissu lourd des rideaux et dans la densité morne du madrier ».
Escarpées – Marlène Mauris – Éditions Favre – Mars 2024
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