mardi 25 mai 2021

 

Une noisette, un livre
 
Toucher le ciel
Bernard Bonnelle

 


C’est l’histoire de deux hommes qui aimaient toucher le ciel, l’un par les airs, l’autre par les cimes. Tous les deux y croyaient, l’on fait. L’un a disparu un plein vol, l’autre s’est éteint loin des sommets. Presque tout les opposait mais l’amitié est née, est restée grâce à cette noblesse de cœur qui voulait tutoyer les étoiles. C’était Antoine de Saint-Exupéry et Henri de Ségogne.

En 1917, les deux hommes se rencontrent lors d’une classe prépa au lycée Saint-Louis et deviendront amis rapidement en arpentant les rues du Quartier Latin et en se liant avec d’autres vaillants gaillards comme Bertrand de Saussine ou un peu plus tard  Jean Prévost. Sans oublier l’ami de l’un sans être celui de l’autre, Léon Werth, et Louise de Vilmorin.

Les débuts d’Antoine de Saint-Exupéry furent beaucoup plus laborieux que ceux d’Henry de Ségogne, financièrement, sentimentalement et professionnellement. Henry, se stabilisait alors qu’Antoine s’éparpillait, l’un moins rêveur que l’autre. Henry ne manquait pas de prendre parfois de haut son ami qui jamais ne répondait de la même manière. L’amitié perdura pourtant, c’est en fait cela l’Amitié, pourvoir tout se dire et être toujours présent, c’est en fait « regarder dans la même direction ».

Antoine c’est un Petit Prince qui fit la gloire de l’Aéropostale, qui s’infiltra dans le journalisme mais qui préféra jeter son encre dans la grande flotte de la littérature. Henry, c’est l’une des gloires de l’alpinisme, le premier français à former une expédition pour franchir les 8000 mètres du Karakoram mais qui refusa lors des derniers mètres que ses compagnons se brisent les os pour un titre de gloire. Parfois hautain mais jamais inhumain.

Quel plaisir de retrouver le ton si particulier de Bernard Bonnelle faisant d’un récit une ode à la littérature et à la bravoure humaine. En parallèle, c’est tout une époque qui est retracée avec quelques figures françaises parfois trop oubliées. Les mots reflètent toute la gentillesse et la simplicité d’Antoine de Saint-Exupéry et offrent des pas montagnards dans ceux d’Henry de Ségogne. En fait, ce livre c’est comme la montagne : de loin parait hors de portée, de près on ne peut que s’émerveiller de ces sommets qui planent sur l’humanité.

« Entre la passion d’Henry pour l’alpinisme et celle d’Antoine pour l’aviation, il y avait pourtant bien des points communs. L’un et l’autre aimaient s’extraire par le haut du monde des hommes et voir, tout en bas, leurs embarras réduits à leurs dimensions minuscules. Ils aimaient la vie désencombrée ».

Toucher le ciel. Antoine de Saint-Exupéry et Henry de Ségogne, l’amitié malgré tout – Bernard Bonnelle – Editions Arthaud – Janvier 2021

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