Une noisette, un livre
Le suspendu de Conakry
Jean-Christophe Rufin
Chaque
roman de Jean-Christophe Rufin est une heureuse surprise. La tradition perdure
avec « Le suspendu de Conakry », premier opus d’une symphonie en
trois mouvements autour d’un curieux personnage : Aurel Timescu.
Aurel
Timescu est, au départ, l’anti-héros par excellence : d’aspect fragile,
émotif, hésitant. Un mélange de Columbo et de Grand Blond avec…des lunettes
noires. Originaire de Roumanie, il a fui le régime de Ceausescu, est arrivé
comme réfugié en France où il a survécu comme pianiste dans des clubs un peu
particuliers. Le hasard d’une rencontre fait qu’il rentre dans les rangs de la
diplomatie française mais en devant se
contenter de placards bien étroits. En rêvant d’être inspecteur ou commissaire.
Mais,
pour le plus grand plaisir du lecteur, il va pouvoir mener discrètement son
enquête personnelle suite à un crime commis dans la marina de Conakry : un
homme blanc, arrivé depuis six mois en Nouvelle-Guinée a été retrouvé suspendu
au mât de son voilier. Personne ne semble s’inquiéter de cette mise en scène
sauf un : notre brave Consul de France !
On
découvre très rapidement qu’il ne faut jamais se fier aux apparences car le
loufoque Timescu est bien plus redoutable qu’il en a l’air. Observateur, c’est
un fin limier aux multiples connaissances. Autant vous dire de suite que
l’écureuil est tombé sous le charme de cet homme, non par sa beauté mais par ce
qu’il représente : la liberté, la sincérité, la surprise et, avant toute chose,
le refus d’être enfermé dans des codes !
« Le
suspendu de Conakry » est le style de roman policier que j’apprécie :
celui où l’hémoglobine ne coule pas à flots, celui où la morbidité s’arrête
dans un tiroir de la morgue, celui où les cadavres ne s’accumulent pas pour
mettre un point d’honneur aux scènes sordides. De la vraie fiction pour
s’envoler hors de la réalité parfois trop funeste.
Hâte
de découvrir le deuxième morceau de cette trilogie, avec, peut-être, l’opéra du
Consul…
Le suspendu de Conakry –
Jean-Christophe Rufin – Editions Flammarion – Mars 2018
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