Une noisette, un livre
Les sœurs Brontë
Laura El Makki
Des
coïncidences se produisent parfois et de façon totalement inattendues mais qui
ne sont pas dénuées de charme. Comme celle de lire un document sur les sœurs
Brontë au moment où souffle une tempête, tourner les pages du livre et imaginer
des feuilles virevolter dans les landes du Yorkshire, avancer pas à pas dans
l’histoire d’une famille et voir au loin la demeure de Hurlevent…
Cette
nouvelle biographie sur l’une des fratries les plus célèbres du monde
littéraire est un peu à leur image : sobre, réservée, élégante. Et ce
petit plus qui apporte du mystérieux à l’étrangeté des destins déchirés, mais
où se forgent « la force d’exister ».
Car
il en fallu de la force pour affronter les obstacles, la précarité, les
humiliations, les deuils, mais à chaque fois et, même si des divergences
planaient au sein de la famille, le socle tenait bon et chacun croyait en un
avenir meilleur. C’est là que la figure du père, Patrick, est remarquablement
narré par la biographe.
Si
Charlotte et Emily sont plus connues, tout au moins pour « Jane
Eyre » et « les Hauts de Hurlevent », Anne et surtout le frère
Branwell, restent bien en retrait de la célébrité. Les passages sur Branwell
sont l’un des piliers du livre car il a été trop effacé de l’histoire des
Brontë. Oui, un pilier… qui permet à un spectre de reprendre figure… Laura El
Makki s’intéressant à tous les membres de la famille, permet au lecteur de
mieux cerner les mécanismes de la création littéraire des Brontë et de se
rendre compte, une fois encore, que le roman est souvent le miroir d’un vécu.
A
côté de cette saga qui s’achèvera en 1855 par le décès de Charlotte, victime
elle aussi de la redoutable faucheuse phtisique, c’est un envoutant plongeon
dans l’Angleterre du XIX° siècle avec ses principes, ses hiérarchies, sa
rudesse mais également le début d’une ère nouvelle, pour les femmes
notamment, avec en 1837 l’arrivée de la
reine Victoria.
Une
lecture qui traverse les brumes des destins, destins dans la lumière, destins
dans l’ombre, au gré des crépuscules éoliens, des coulées de larmes et du
vivifiant des espoirs…
« Souvent les
personnes réservées ont vraiment davantage besoin que les personnes expansives
de parler de leurs sentiments et de leurs douleurs. Le stoïque apparemment le
plus rigoureux est humain après tout, et « faire irruption » avec
audace et bienveillance dans le « mur silencieux » de leur âme, c’est
souvent accorder la première des obligations » Jane Eyre – Charlotte Brontë.
Les sœurs Brontë – Laura El Makki – Editions Tallandier – Octobre 2017
Livre lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2018
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