lundi 26 février 2018


Une noisette, un spectacle

 

Les Suppliantes

Tragédie moderne du poète Eschyle


 


Et si les Grecs avaient tout compris ? Déjà Homère avec son héros de tous les temps, Ulysse, avait écrit « Etranger, tu n’es pas un homme vulgaire ni privé de raison (…), puisque tu es dans cette île, tu ne manqueras ni de vêtements, ni de tous les secours que l’on doit aux malheureux voyageurs qui viennent implorer notre pitié. (…) Pourquoi fuyez-vous cet étranger ? Pensez-vous que ce héros soit un de nos ennemis ? Non. »

Dès le début de la Grèce Antique le réfugié était protégé de ses ennemis. C’est le cœur de la tragédie « Les Suppliantes » écrite vers 460 av. J.C. par le poète Eschyle. Une œuvre chorale formée des Danaïdes. Fuyant le mariage forcé, elles partent avec leur père Danaos et échouent au pays d’Argos. Le Prince apparait face aux femmes qui prient secours et protection, mais ce dernier consule son peuple. Après avoir refusé la demande d’extradition des Egyptiens et malgré les menaces de guerre, Pélasge accepte de les accueillir.

Comment ne pas être secoué par cette histoire face à l’actualité ! Ces femmes refusant la soumission, fuyant viols et autres crimes, réclamant le droit à la liberté et à une vie digne. C’est ce récit antique que Jean-Luc Bansard, fondateur du Théâtre du Tiroir à Laval, a décidé d’adapter avec la scénographe Brigitte Maurice d’après la traduction d’Olivier Py. Plus de 30 représentations ont eu lieu jusqu’à ce jour dans le Grand Ouest et c’est devant une salle archi comble que la pièce s’est jouée dimanche 25 février à Neuil-les-Aubiers (Deux-Sèvres) grâce à la participation de l’association locale « la Citoyenne » et au profit de « 100 pour 1 en Bocage ».

Non seulement ce naufrage antique fait corps avec la réalité mais la plupart des acteurs sont des réfugiés et des demandeurs d’asile, telle Alice-Simbi, fuyant le Kenya après avoir été violée, ou Walid, syrien refugié en France mais qui tremble pour son fils toujours à Damas. La présentation de ce dernier a d’ailleurs provoqué une intense salve d’applaudissement et l’on a vu parmi les spectateurs la bannière de l’ancien drapeau syrien. Emotion. Un total de 41 actrices et acteurs, venant de 19 pays différents, métissage des cultures pour une explosion de vocables vernaculaires. La représentation s’est terminée avec toutes les musiques du monde après les chants composés par Olivier Messager pour l’occasion.

La modernité de la mythologie pour montrer que l’aide aux réfugiés, aux migrants est indispensable, que chaque vie mérite d’être sauvée avec cette phrase qui résonne au plus haut des cieux « Zeus exige que l’on respecte les étrangers ».

Un spectacle citoyen pour une cause universelle.

Les Suppliantes d’après Eschyle – Théâtre du Tiroir

« Comment serait-il pur, l’oiseau qui dévore l’oiseau ? Et comment serait pur celui qui veut épouser une femme malgré elle ? » Eschyle - Les Suppliantes
 
 

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