jeudi 22 février 2018


Une noisette, un livre

 

Ceux d’ici

Jonathan Dee

 


Il y a les autres, de plus loin, touristes, curieux... Et puis ceux d’ici. De là, d’Howland, petite commune du Massachusetts où chacun vit comme il peut, avec ses problèmes et ses petites tentations. Mais le rêve américain n’est plus qu’un mirage, la réalité à laquelle va s’affronter Mark et l’ensemble de sa famille.

Le récit commence brutalement, tant sur le fond que sur la forme avec une écriture dure, sèche, injurieuse, négative mais nous sommes le lendemain du 11 septembre 2011. Deux types ont rendez-vous avec un avocat d’affaires pour tenter de récupérer un peu d’argent sur les escroqueries en ligne dont ils on été victimes. L’avocat est absent, tout est ralenti, comme un silence de morts, forcément... Ils n’ont plus qu’à rentrer respectivement chez eux. L’un des deux est Mark Firth, entrepreneur en bâtiment mais qui espère faire fortune, l’autre va en profiter pour lui voler sa carte bancaire.

Une fois de retour chez lui, Mark va rencontrer Philip Hadi, un milliardaire newyorkais qui veut effectuer quelques travaux dans sa maison juste achetée d’Howland. Il deviendra ensuite maire de la ville faisant comme bon lui semble avec ses deniers personnels. Mais des opposants font entendre leurs voix, dont Gerry, le frère de Mark qui a laissé son entreprise pour se lancer dans l’aventure immobilière… la suite à découvrir…

Entre les parcours des uns et des autres, c’est un enchainement sans fin qui agite tout le récit. Si l’écriture change de ton, les situations décrites restent rugueuses à l’image de cette Amérique où tout est permis, où tout est possible, où tout peut s’acheter, tout se défaire, tout s’achever, où tout vaut quelque chose et quelque chose plus rien (« une maison c’était une valeur, pas une histoire »).  A chaque description d’un cas individuel c’est tout le reflet d’une société qu’on aperçoit, société sans limites du moment que le pouvoir politique et la technologie s’entrechoquent, souvent pour le pire.

Si on ne peut progressivement pas se défaire de la lecture, elle jette un froid, loin d’un regard visionnaire, le roman plonge dans la réalité et un warning sonne dans votre tête. Parce que si Jonathan Dee dépeint une société américaine cruelle, narcissique, agressive, prête à dénoncer l’autre, rejetant son problème sur celui de son voisin, on peut y voir, hélas, une copie de l’autre côté de l’Atlantique…Comme par exemple « les périodes de crise faisaient ressortir le mauvais côté des gens, et cet Internet, c’était un cabinet de toilette géant où on pouvait se permettre de gribouiller toute la haine qu’on voulait ».

Grandiose et pathétique.

Ceux d’ici – Jonathan Dee – Traduction : Elisabeth Peellaert – Editions Plon / Collection Feux Croisés – Janvier 2018

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