lundi 9 octobre 2017


Une noisette, une interview

 

Christophe Guillaumot

 

« J’écris des romans pour distraire, je me dois de faire vibrer les lectrices et lecteurs »

 

 
Des études de droit, puis à 20 ans le concours d’entrée dans la police. Grenoble, Châteauroux et en 2009 Christophe Guillaumot atterrit dans la ville rose. Une année auparavant, il avait pris un congé de six mois sans solde pour se lancer dans l’écriture, c’est une réussite puisqu’il reçoit le Prix du Quai des orfèvres avec « Chasses à l’homme » (Editions Fayard). En 2015, c’est la naissance de Christophe Donatelli alias le Kanak dans « Abattez les grands arbres (Editions Cairn). Ce mois-ci est publié aux Editions Liana Levi, son troisième polar où son héros de policier est entraîné dans l’univers impitoyable des jeux clandestins. Frissons garantis !

Le personnage du Kanak n’est pas tout à fait fictif puisqu’il a réellement existé ?
C’est exact, c’est un policier que j’ai rencontré lorsqu’il est arrivé en métropole. Renato était exactement comme je le décris dans mes romans, mais je me suis permis quelques libertés. Il était Wallisien et mon personnage est Kanak, j’ai également changé son nom. J’ai préféré établir quelques différences entre le flic réel et le personnage fictif pour me permettre certaines libertés et ne pas commettre des erreurs préjudiciables au souvenir de mon ami.

Est-ce un hommage que vous avez voulu lui rendre ?
Je n’ai pas écrit pour lui rendre hommage mais parce qu’il était une personnalité forte et à part qui en faisait déjà un véritable héros de roman. Mais que le succès de ces intrigues permette de lui rendre hommage me satisfait pleinement. 

Vous êtes capitaine de police au SRPJ de Toulouse, comment vos collègues réagissent en découvrant vos écrits, notamment sur les passages décrivant les ripoux ?
J’écris des romans pour distraire et dans ce sens, je me dois de faire vibrer les lectrices et lecteurs. Décrire un monde où tout serait rose, sans problème où les policiers seraient tous parfaits serait d’un ennui total. C’est le difficile exercice de faire cohabiter romance et réalité. Je pense que mes collègues sont conscients de cette problématique et savent également que la Police est probablement l’institution qui s’est le plus réformée durant les trente dernières années.   

Vous décrivez un univers des jeux clandestins terriblement noir. Avez-vous eu déjà l’occasion d’affronter des pistes aussi criminelles ?
Je ne peux malheureusement pas vous parler des affaires que j’ai eu à traiter mais sachez que la réalité est toujours plus horrible que la fiction.

En tant que policier, avez-vous plus de facilités à raconter votre univers par la fiction que si vous aviez écrit un essai sur la stricte réalité ?
C’est probable. Mais mon envie d’écrire ne trouve pas son origine dans la revendication. Je veux distraire tout en donnant une photographie actuelle du monde dans lequel j’évolue.

En raison de l’actualité, la charge de travail des policiers est considérable. Certains n’hésitent pas à exprimer leur colère face à des conditions de travail très difficiles. Comment gérer ce burn-out au sein d’un commissariat ?
Malheureusement, je ne peux m’exprimer sur la police à la place de ses représentants qu’ils soient de l’administration ou du personnel. Je vous réponds ici en tant qu’auteur. L’exercice de la double-casquette n’est pas toujours facile.

Revenons à « La chance du perdant », au fait pourquoi ce titre ? Parce qu’il ne faut jamais se croire le plus fort, surtout aux jeux ?
Ce que je ne souhaite à toute personne, c’est de perdre la première fois qu’elle jouera. Ceux qui remportent un premier gain pensent automatiquement qu’ils seront capables de le gagner à nouveau. Ils incluront donc cette somme hypothétique dans leur mise. Malheureusement ce type de comportement conduit généralement à un endettement.

On rencontre, dès le début, le personnage de May, une femme atypique douée d’un sens artistique inouï, êtes-vous amateur de street art ?
J’ai découvert le street art en allant à l’exposition temporaire de Mister Freeze à Toulouse, je suis tombé en admiration des œuvres de Mademoiselle Kat que je suis allé rencontrer. Elle m’a gentiment accordé de son temps pour m’expliquer son art et les anecdotes qui ont jalonné son parcours.

Est-ce l’une des meilleures vitrines pour exprimer la vie urbaine, le quotidien des habitants, avec ses désespoirs, ses rêves aussi… ?
Il y a différentes philosophies dans le street art. Celle que je préfère, c’est la peinture qui respecte les habitants et qui s’en inspire. C’est exactement comme lorsque j’installe un décor, je ne me contente pas de décrire les pierres mais je m’attache à étudier les gens et leurs habitudes de vie. 

Tradition oblige, un petit quizz pour mieux vous connaître : 

-         Un roman : Johnny s’en va-t’en guerre de Dalton Trumbo
-         Un personnage : L’inspecteur Harry Callahan
-         Un(e) écrivain(e) : Laurent Gaudé
-         Une musique : black man in a white world de Michael Kiwanuka
-         Un film : Forrest Gump ou 12 hommes en colère
-         Un peintre : Mlle Kat
-         Un animal : le requin bleu (voir la couverture de "La chance du perdant")
-         Un dessert : la tarte au citron
-         Une devise/citation : Oh punaise ! (Homère Simpson)

La critique de « La chance du perdant » est à retrouver ici

 

 

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