Une
noisette, une interview
Christophe
Guillaumot
« J’écris des romans pour distraire, je me dois de faire vibrer les lectrices et lecteurs »
Le personnage du
Kanak n’est pas tout à fait fictif puisqu’il a réellement existé ?
C’est
exact, c’est un policier que j’ai rencontré lorsqu’il est arrivé en métropole.
Renato était exactement comme je le décris dans mes romans, mais je me suis
permis quelques libertés. Il était Wallisien et mon personnage est Kanak, j’ai
également changé son nom. J’ai préféré établir quelques différences entre le
flic réel et le personnage fictif pour me permettre certaines libertés et ne
pas commettre des erreurs préjudiciables au souvenir de mon ami.
Est-ce un hommage
que vous avez voulu lui rendre ?
Je
n’ai pas écrit pour lui rendre hommage mais parce qu’il était une personnalité
forte et à part qui en faisait déjà un véritable héros de roman. Mais que le
succès de ces intrigues permette de lui rendre hommage me satisfait
pleinement.
Vous êtes capitaine
de police au SRPJ de Toulouse, comment vos collègues réagissent en découvrant
vos écrits, notamment sur les passages décrivant les ripoux ?
J’écris
des romans pour distraire et dans ce sens, je me dois de faire vibrer les
lectrices et lecteurs. Décrire un monde où tout serait rose, sans problème où
les policiers seraient tous parfaits serait d’un ennui total. C’est le
difficile exercice de faire cohabiter romance et réalité. Je pense que mes
collègues sont conscients de cette problématique et savent également que la
Police est probablement l’institution qui s’est le plus réformée durant les
trente dernières années.
Vous décrivez un
univers des jeux clandestins terriblement noir. Avez-vous eu déjà l’occasion
d’affronter des pistes aussi criminelles ?
Je
ne peux malheureusement pas vous parler des affaires que j’ai eu à traiter mais
sachez que la réalité est toujours plus horrible que la fiction.
En tant que
policier, avez-vous plus de facilités à raconter votre univers par la fiction
que si vous aviez écrit un essai sur la stricte réalité ?
C’est
probable. Mais mon envie d’écrire ne trouve pas son origine dans la revendication.
Je veux distraire tout en donnant une photographie actuelle du monde dans
lequel j’évolue.
En raison de
l’actualité, la charge de travail des policiers est considérable. Certains
n’hésitent pas à exprimer leur colère face à des conditions de travail très
difficiles. Comment gérer ce burn-out au sein d’un
commissariat ?
Malheureusement,
je ne peux m’exprimer sur la police à la place de ses représentants qu’ils
soient de l’administration ou du personnel. Je vous réponds ici en tant
qu’auteur. L’exercice de la double-casquette n’est pas toujours facile.
Revenons à « La
chance du perdant », au fait pourquoi ce titre ? Parce qu’il ne faut
jamais se croire le plus fort, surtout aux jeux ?
Ce
que je ne souhaite à toute personne, c’est de perdre la première fois qu’elle
jouera. Ceux qui remportent un premier gain pensent automatiquement qu’ils
seront capables de le gagner à nouveau. Ils incluront donc cette somme
hypothétique dans leur mise. Malheureusement ce type de comportement conduit
généralement à un endettement.
On rencontre, dès le
début, le personnage de May, une femme atypique douée d’un sens artistique
inouï, êtes-vous amateur de street art ?
J’ai
découvert le street art en allant à l’exposition temporaire de Mister Freeze à
Toulouse, je suis tombé en admiration des œuvres de Mademoiselle Kat que je
suis allé rencontrer. Elle m’a gentiment accordé de son temps pour m’expliquer
son art et les anecdotes qui ont jalonné son parcours. Est-ce l’une des meilleures vitrines pour exprimer la vie urbaine, le quotidien des habitants, avec ses désespoirs, ses rêves aussi… ?
Il y a différentes philosophies dans le street art. Celle que je préfère, c’est la peinture qui respecte les habitants et qui s’en inspire. C’est exactement comme lorsque j’installe un décor, je ne me contente pas de décrire les pierres mais je m’attache à étudier les gens et leurs habitudes de vie.
Tradition oblige,
un petit quizz pour mieux vous connaître :
-
Un roman : Johnny s’en va-t’en guerre de Dalton Trumbo
-
Un
personnage : L’inspecteur Harry Callahan
-
Un(e) écrivain(e) : Laurent Gaudé
-
Une musique : black man in a white
world de Michael Kiwanuka
-
Un film : Forrest Gump ou 12 hommes en colère
-
Un peintre :
Mlle Kat
-
Un animal : le requin bleu (voir la couverture de "La chance du perdant")
-
Un dessert : la tarte au citron
-
Une devise/citation : Oh punaise ! (Homère Simpson)
La critique de « La chance du perdant »
est à retrouver ici
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire