mardi 10 octobre 2017


Une noisette, un livre

 

Tango fantôme

Tove Alsterdal

 

Une rencontre entre le Nord et le Sud. Une rencontre entre deux époques, l’une des années 70 avec la dictature militaire en Argentine, l’autre de nos jours en Suède. Un sandwich avec deux tranches complètement opposées mais où la garniture est une famille disloquée dont deux membres cherchent à retrouver les morceaux et quand l’un va tomber, l’autre prendra la relève.

Deux sœurs, Charlie et Hélène, un père vagabond, une mère disparue et c’est près de 500 pages de rebondissements, d’énigmes et aussi de l’histoire ; celle d’une dictature où l’on tuait les gens en les projetant dans le vide depuis un avion…entre autres…

Au départ, une fuite, un exil volontaire, celle d’une mère, Inge-Marie, laissant ses deux petites filles et le père de celles-ci. Elle est jeune, intelligente, belle et amoureuse. Amoureuse d’un bel argentin, réfugié politique. Pour continuer la lutte, ils décident de partir à Buenos Aires afin d’aider les réseaux de résistance. Ensuite, silence total, plus aucune nouvelle de l’un et de l’autre, les enfants grandissent, Charlie sera toujours perturbée, Hélène arrivera à fonder une famille et trouver un emploi stable. Les deux sœurs se fréquentent peu mais Hélène va être à la fois surprise et soucieuse lorsqu’elle apprend le suicide de Charlie. L’affaire est vite classée mais est-ce vraiment un suicide ? Charlie n’avait-elle pas retrouvée la clef d’un mystère enfoui ? Après quelques hésitations, Hélène va partir sur tous les chemins pour ouvrir toutes les serrures de ces portes solidement fermées, de Stockholm à la capitale argentine.

Un thriller historique sans failles, sans errements, où l’écriture coule, flotte, s’enfonce pour mieux réapparaître, décrit sans décrire pour mieux prolonger le suspens. J’ai aimé tourner ces pages, j’ai aimé plonger dans ce passé latino-américain qui résonne encore aujourd’hui, j’ai aimé poursuivre les recherches d’Hélène (même si ce que j’ai pris pour une incohérence vers les pages 170 était en réalité, comme je l’ai ensuite rapidement pensé, l’une des bases de l’énigme), j’ai aimé cette fluidité malgré la noirceur du récit.

Un subtil moment de lecture, un « latigazo » qui donne un « cabaceo » à l’intrigue, du « compas » à chaque chapitre, un « giro » sans pause, une « ronda » de surprises, où il se dégage un mystérieux ectoplasme… et où l’on perçoit un mot fétiche chez Tove Alsterdal : asphalte.

Tango fantôme – Tove Alsterdal – Traduction Emmanuel Curtil – Editions Rouergue Noir – Août 2017

Livre reçu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle

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