Une noisette, un livre
La serpe
Philippe Jaenada
Quand
l’écureuil a eu entre les pattes ce nouveau roman (oh, trois fois rien, juste
quelques 640 pages et des poussières) il a sautillé de joie sur sa branche
pensant dans sa petite tête que c’était un remake d’une histoire d’Astérix en
version XXL… Pas du tout et c’est bien moins rigolo.
C’est un
récit fleuve (La Seine, Le Rhin, le Guadalquivir réunis avec un petit bout
d’Amazone) sur le drame du château d’Escoire dans le Périgord (vous savez, le
pays des truffes) : un triple homicide jamais élucidé où Henri Gérard
(plus connu sous le pseudonyme de Georges Arnaud) sera acquitté après un procès
rebondissant avec de multiples failles dans le dossier d’instruction.
Si parfois
(je dis bien parfois) on peut ressentir (comme pour les températures) une
certaine lassitude avec les nombreuses annotations personnelles et des
descriptions à n’en plus finir du trajet entre Paris et Périgueux (voire
l’envie que le pneu avant gauche éclate pour que l’histoire se termine sur
l’autoroute), il faut avouer (après tout il s’agit d’une affaire judiciaire)
que l’auteur ne manque pas de panache et surtout un humour à faire rire le plus
sinistre des crocodiles (ce serait une occasion pour voir enfin de vraies
larmes).
Mais derrière
cette légèreté de l’écrit (et pourquoi pas de l’être) se cache une très
sérieuse enquête et des heures de travail de recherche pour tenter de découvrir
un peu plus de vérité, sans charger un possible coupable, seules quelques
hypothèses sont avancées mais qui ne sont en rien des réquisitoires. Avec le
souci extrême de préserver les descendants des familles concernées.
Oui, au départ
j’émettais quelques réserves sur la forme et le fond du récit, en mettant
limite l’auteur sur le banc des accusés pour un penchant narcissico-morbide, une relaxe s’est rapidement dessinée pour se
transformer en un podium de noisettes pour prouesse littéraire et belle mission
accomplie. Méritoire que de dresser un portrait inhabituel d’Henri Gérard,
d’expliquer que si le gars avait « ses humeurs », il avait des
circonstances atténuantes et qu’il a eu surtout un but dans sa vie :
lutter contre l’injustice. En passant, belle petite griffe envers Gérard de
Villiers, personnage qui n’a jamais été à court d’élucubrations…
La serpe, un
roman tranchant, bien taillé et qui permet de débroussailler certains
témoignages ou faits ,laissés en friche dans le domaine du château d’Escoire.
La
serpe – Philippe Jaenada – Editions Julliard – Juillet 201
Roman reçu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices Elle 2018
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