Une noisette, un livre
La redoutable veuve Mozart
Isabelle Duquesnoy
Qui
n’a pas rêvé sur une petite musique de nuit ? Qui n’a pas sifflé un air
d’une flute enchantée ? Qui n’a pas été charmé par « Voi che sapete » ?
Peu de monde tant Mozart est devenu intemporel pour celui qui avait su mettre
des notes sur les mots de Beaumarchais. Pourtant le maître de Salzburg aurait
pu tomber dans un mouvement perpétuel de l’oubli sans la détermination
incroyable d’une femme voulant que son Mozart survive après sa mort à seulement
35 ans le 5 décembre 1791. Cette femme c’était Constance, Constance Mozart née
Weber, issue d’une famille également de musiciens, le plus connu étant son
cousin Carl Maria von Weber et elle-même chanteuse ainsi que sa sœur Josepha
qui a créé le personnage stratosphérique de la Reine de la nuit.
Veuve
inconsolable avec deux petits garçons (elle avait eu six enfants durant les
neuf ans de mariage) elle trouvera une immense énergie dans tout l’amour posthume
pour déplacer les montagnes (en Alpes autrichiennes le terrain s’y prête) pour
faire en sorte que l’œuvre de feu son mari subsiste et ne soit pas copiée par
quelques personnages peu scrupuleux. Et ainsi pouvoir avoir des rentrées
d’argent pour rembourser les dettes et éduquer elle-même ses enfants.
Ayant
un sens inné pour les affaires, elle redresse rapidement les difficultés financières avec l’aide de quelques amis du couple (dont la dévouée et
généreuse baronne Marthe), accélère l’achèvement du Requiem, offre des concerts
et fait de Salzbourg une terre mozartienne pour se venger de la rebuffade des
salzbourgeois envers l’enfant prodige
Isabelle Duquesnoy a choisi une partition originale pour écrire la vie de Constance
Mozart : elle s’engouffre dans le personnage de Constance au crépuscule de
sa vie avant de rejoindre les dieux qui raconte à son fils Carl Thomas tout ce
qu’elle a entrepris pour perpétuer la mémoire du père, du mari, du musicien et
aussi témoigner la mère qu’elle fut pour lui et son frère Franz Xavier, avec
tous les bémols qu’une vie peut engendrer.
Un
tour de force pour non seulement le travail de recherches mais aussi pour
recréer l’atmosphère de la fin du XVIII° / début XIX° siècle en étrillant au
passage ce mépris pour les musiciens qui a fait tant souffrir nombre de
compositeurs… cette sempiternelle manie que de louer les gens après leur mort ;
mais l’auteure remet également les pendules à l’heure pour la rumeur sur
Salieri et n’hésite pas à mettre quelques piques dans la folie sanguinaire de
la Révolution Française.
C’est
ainsi que de chapitre en chapitre on passe d’un grave à un vivace, d’un scherzo
à un affetuoso.
Car
la vie de Constance Mozart est un chant d’amour, un amour éternel envers son
mari, un amour rebelle face à sa belle-famille, un amour farouche pour franchir
tous les obstacles et porter haut les notes qui retentissent encore de nos
jours des plus grandes salles de concert aux petites églises isolées, des
théâtres d’opéra jusqu’aux terres les plus éloignées.
Un
livre à l’image d’un concerto de Wolfgang Mozart avec la fantaisie d’un Lorenzo da Ponte. Et
peut-être un poco più…
La redoutable veuve Mozart – Isabelle
Duquesnoy – Editions de la Martinière – Septembre 2019
2 commentaires:
Superbe ! Noté pour maman !
Merci et j'espère que votre maman sera enchantée ;-)
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