Souvenirs d'un médecin d'autrefois

dimanche 10 novembre 2019


Une noisette, un livre


 La redoutable veuve Mozart

Isabelle Duquesnoy




Qui n’a pas rêvé sur une petite musique de nuit ? Qui n’a pas sifflé un air d’une flute enchantée ? Qui n’a pas été charmé par « Voi che sapete » ? Peu de monde tant Mozart est devenu intemporel pour celui qui avait su mettre des notes sur les mots de Beaumarchais. Pourtant le maître de Salzburg aurait pu tomber dans un mouvement perpétuel de l’oubli sans la détermination incroyable d’une femme voulant que son Mozart survive après sa mort à seulement 35 ans le 5 décembre 1791. Cette femme c’était Constance, Constance Mozart née Weber, issue d’une famille également de musiciens, le plus connu étant son cousin Carl Maria von Weber et elle-même chanteuse ainsi que sa sœur Josepha qui a créé le personnage stratosphérique de la Reine de la nuit.

Veuve inconsolable avec deux petits garçons (elle avait eu six enfants durant les neuf ans de mariage) elle trouvera une immense énergie dans tout l’amour posthume pour déplacer les montagnes (en Alpes autrichiennes le terrain s’y prête) pour faire en sorte que l’œuvre de feu son mari subsiste et ne soit pas copiée par quelques personnages peu scrupuleux. Et ainsi pouvoir avoir des rentrées d’argent pour rembourser les dettes et éduquer elle-même ses enfants.
Ayant un sens inné pour les affaires, elle redresse rapidement les difficultés financières avec l’aide de quelques amis du couple (dont la dévouée et généreuse baronne Marthe), accélère l’achèvement du Requiem, offre des concerts et fait de Salzbourg une terre mozartienne pour se venger de la rebuffade des salzbourgeois envers l’enfant prodige

Isabelle Duquesnoy a choisi une partition originale pour écrire la vie de Constance Mozart : elle s’engouffre dans le personnage de Constance au crépuscule de sa vie avant de rejoindre les dieux qui raconte à son fils Carl Thomas tout ce qu’elle a entrepris pour perpétuer la mémoire du père, du mari, du musicien et aussi témoigner la mère qu’elle fut pour lui et son frère Franz Xavier, avec tous les bémols qu’une vie peut engendrer.

Un tour de force pour non seulement le travail de recherches mais aussi pour recréer l’atmosphère de la fin du XVIII° / début XIX° siècle en étrillant au passage ce mépris pour les musiciens qui a fait tant souffrir nombre de compositeurs… cette sempiternelle manie que de louer les gens après leur mort ; mais l’auteure remet également les pendules à l’heure pour la rumeur sur Salieri et n’hésite pas à mettre quelques piques dans la folie sanguinaire de la Révolution Française.
C’est ainsi que de chapitre en chapitre on passe d’un grave à un vivace, d’un scherzo à un affetuoso.

Car la vie de Constance Mozart est un chant d’amour, un amour éternel envers son mari, un amour rebelle face à sa belle-famille, un amour farouche pour franchir tous les obstacles et porter haut les notes qui retentissent encore de nos jours des plus grandes salles de concert aux petites églises isolées, des théâtres d’opéra jusqu’aux terres les plus éloignées.

Un livre à l’image d’un concerto de Wolfgang Mozart avec la fantaisie d’un Lorenzo da Ponte. Et peut-être un poco più…

La redoutable veuve Mozart – Isabelle Duquesnoy – Editions de la Martinière – Septembre 2019





















2 commentaires:

Crayon de couleuvre a dit…

Superbe ! Noté pour maman !

Squirelito a dit…

Merci et j'espère que votre maman sera enchantée ;-)

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