Une noisette, un livre
Le soleil des rebelles
Luca Di Fulvio
Il
avait tout pour être heureux le petit Marcus. Des parents aimants, du personnel
à son service, héritier d’un royaume, un lit pour dormir, des vêtements chauds,
de la nourriture en abondance… Nous sommes au XV° siècle, dans cette longue
période moyenâgeuse où la dureté des âmes et de la vie était la marque de
fabrique. Le jeune Marcus ne réalise pas son bonheur, ne réalise pas encore ce
que sera la vie, sa vie. Ce que subissent les autres, les serfs, ces esclaves
des temps passés. Il a juste pitié un jour de cette petite fille, Eloisa, et
lui donne une part de son repas. Il ne se doute pas que son geste le sauvera
d’une mort atroce.
Car
peu de temps après, tout le domaine sera pillé, une partie brûlée et ses
occupants massacrés dans une horreur de chair et de sang, les redoutables
Agomar et Ojsternig ayant un roc à la place du cœur, mais bientôt ils seront
les maîtres des lieux.
Marcus
sera le seul survivant de cette tuerie, sauvé par Eloisa et accepté par la mère
de cette dernière, qui derrière une apparence rude (due aux conditions
matérielles) à un immense cœur et bien des secrets… Le changement pour le
« gamin » sera plus que brutal mais il devra apprendre dorénavant à
lutter pour survivre, à lutter pour combattre, à s’endurcir pour construire son
destin, à ne plus s’apitoyer afin de sauver sa peau, à bien comprendre que c’est
un miracle que d’être toujours en vie. Avec l’aide de l’énigmatique Raphaël, il
va peu à peu savoir manier pioche et autres outils du paysan. Et c’est ainsi
qu’au fur et à mesure que ses muscles se développent, se dessine une volonté de
fer pour un cœur qui reste de velours.
La
suite je vous la laisse découvrir mais vous ne pourrez rester insensible à
l’épopée de ce gamin et de ce soleil qui brille en lui-même dans les heures les
plus sombres. Car ce soleil peut émettre des rayons en pleine nuit, c’est l’impétuosité
des rebelles, des chercheurs de la liberté et de la justice.
Vous
l’aurez compris, après « Le gang des rêves » et « Les enfants de
Venise », Luca Di Fulvio nous captive avec une nouvelle fresque où tout
est possible à condition de s’en donner les moyens. Un hymne au courage, à la
bravoure des enfants qui grandissent dans le malheur, à la beauté des
sentiments, à la noblesse de l’âme. Aucune leçon de morale mais juste un regard
sur les méandres de l’âme humaine, ses forces et ses faiblesses. Au fond
éblouissant, s’ajoutent la forme de l’écriture, le dosage des mots, la charpente
de prose et la frise poétique.
C’est
fort, c’est puissant. Audacieux et attachant comme Marcus. Un livre qui même
dans la pénombre offre la luminosité de la littérature italienne. Ah, lève-toi
soleil !
Le soleil des rebelles –
Luca Di Fulvio – Traduction : Françoise Brun - Editions Slatkine & Cie – Avril 2018
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