La noisette liseuse en
12 questions
Catherine Rolland
Photo © Mélaine Pennant |
La
magie de la lecture est double. Celle de passer de riches heures, soit de
rêves, soit d’apprentissage, parfois les deux, et, de rencontrer un cœur
derrière une plume. De « La solitude du pianiste » à « Sans
lui » en passant par « Ceux d’en haut », Catherine Rolland
ajoute à chacun de ses romans une large part de sensibilité humaine dans
l’histoire des vies. Son dernier opus « Le cas singulier de Benjamin
T. » (Chronique à retrouver ici) est un exercice de prestidigitation entre
songes et réalités, entre le passé qui peut dicter le présent.
Un titre de roman pour
vous définir
Que
ma joie demeure, de Giono.
Votre premier coup de noisette livresque
Le
bracelet de vermeil, de Serge Dalens.
Une
héroïque histoire d’amitié, dans la jolie collection de romans adolescents
Signe de Piste, lue quand j’avais une douzaine d’années.
La base de la
littérature
La
poésie en vers et le théâtre classique.
Hugo,
Baudelaire ou Verlaine, Racine ou Corneille pour ne citer qu’eux, ont posé les
fondements d’un art où la forme imposée, le cadre défini par les vers oblige à
une maîtrise absolue de la langue, un ciselage minutieux des mots et des
phrases, semblable au travail d’un musicien sur sa partition.
L’harmonie
et la musicalité du langage comptent pour moi autant que le fond.
Le lieu idéal pour une
lecture accomplie
Je
garde un souvenir merveilleux de mes années de collège, où avec deux amies nous
avions découvert au premier étage de la bibliothèque une porte interdite aux
élèves. L’obstacle franchi, nous avions découvert une pièce ronde et
poussiéreuse, qui semblait oubliée de tous et servait à entreposer de vieux
ouvrages. Durant quelques temps, nous nous y sommes donné rendez-vous, pour
lire pendant la pause de midi. Je nous revois encore toutes les trois, assises
à même le plancher brut, adossées au mur circulaire, plongées dans nos bouquins
avec le délicieux sentiment de partager un secret précieux.
Un seul livre à la fois
ou ménage à trois
En
tant que lectrice, je n’en lis qu’un à la fois s’il est passionnant. Autrement,
j’ai mon livre du soir, presque toujours un roman, et mes livres de jour, plus
souvent des lectures courtes, des nouvelles, un essai ou de la poésie.
En
tant qu’auteure, je ne peux écrire qu’un seul livre à la fois.
Un roman contemporain
qui pourrait être le livret d’un opéra
Hum,
je sèche… L’opéra répond sensiblement aux mêmes impératifs que le théâtre
concernant l’intrigue. Des personnages héroïques, une action riche en
rebondissements et quiproquos, une relative unité de lieu et de temps et une
certaine noblesse dans la thématique… Difficile de trouver tout cela dans la littérature
contemporaine, pour les romans que j’ai lus, du moins.
Et
vous, cher écureuil, quelle œuvre verriez-vous transposée sur une scène et mise
en musique ?
Rhoo, l’écureuil en
arroseur arrosé. Lu récemment « La salle de bal » d’Anna Hope »
et ce roman à la fois intime et chorale pourrait être adapté pour la scène
lyrique. Les deux héros qui luttent contre les préjugés, Ella en soprano, John
en baryton, et le Dr Fuller en parfaite basse pour son attitude déconcertante. On
y retrouve les thèmes de l’amour, de la nature et de la folie des hommes, de
tout vouloir régler par la science…
La meilleure adaptation
cinématographique d’une œuvre littéraire
Rebecca,
de Daphné du Maurier, adapté par Alfred Hitchcock avec Laurence Olivier et Joan
Fontaine (1940).
L’ouvrage que vous
auriez aimé écrire
La
saga de Harry Potter, un absolu tour de force qu’il s’agisse de la capacité de
l’auteure à maintenir l’intérêt pendant sept tomes, ou la construction de
l’intrigue, affolante de maîtrise jusque dans les moindres détails. Outre la
qualité romanesque de l’histoire elle-même, cette œuvre est magistrale d’un
point de vue « technique », et son succès planétaire est de mon point
de vue totalement légitime.
Le livre qui vous
inspire le plus
Il
ne peut y en avoir un seul. Toutes mes lectures m’inspirent et me font – je
l’espère – progresser dans ma propre écriture. Lire est un préalable
indispensable à l’écriture, une source d’inspiration intarissable et multiple.
Je lis de tout, romans, récits, essais, théâtre, poésie, selon l’humeur du
moment…
Vos mots préférés
J’aime
beaucoup désinvolte et rocambolesque.
J’ai
aussi une certaine tendresse pour opiner
et tempérer, que l’on conjuguera de
la manière qu’on voudra.
Abominable a également d’évidentes qualités.
La meilleure phrase de
votre dernier livre
Il
faudrait que je le relise, mais je crois que je ne suis pas le meilleur juge…
A
vous de choisir, cher écureuil !
« Rien n’est dû au
hasard. Tout a un sens, le passé accouche de l’avenir, et nos actes d’hier
ressurgissent et nous tuent, ou parfois ils nous sauvent. »
Une citation éternelle
Victor
Hugo, Booz endormi (La légende des Siècles)
"Les femmes regardaient
Booz plus qu’un jeune homme,
Car le jeune homme est
beau, mais le vieillard est grand.
Le vieillard, qui
revient vers la source première,
Entre aux jours éternels
et sort des jours changeants
Et l’on voit de la
flamme aux yeux des jeunes gens
Mais dans l’œil du
vieillard on voit de la lumière."
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