Une
noisette, un livre
Par amour
Valérie Tong Cuong
Deux
familles, deux destins. Au milieu, la tragédie d’une guerre,
dévastatrice, broyeuse de vies. Seule la puissance d’une force
peut aider à lutter contre l’insoutenable, cette force se nomme
amour. L’amour sous toutes ses formes et pour lequel on résiste,
pour ceux que l’on aime plus que tout.
Valérie
Tong Cuong signe un nouveau roman absolument magistral, en portant
une fiction au cœur de la réalité tragique de la 2° guerre
mondiale et d’une ville anéantie en 1945 : Le Havre.
Emilie
et Joffre. Muguette et Louis. Les deux sœurs ont chacune un garçon
et une fille. Jean et Lucie. Joseph et Marline. Et un chat, Mouke,
qui lui aussi a indirectement sa place dans l’histoire. Ils
racontent tour à tour les événements, leurs craintes, leurs
espérances, leurs douleurs, leurs secrets... Sauf Louis ne participe
pas à la narration. Il est loin, prisonnier des allemands mais
peut-être aussi prisonnier de son âme...
Une
saga qui ne se lit pas comme une autre. On la vit. A chaque page, à
chaque phrase.
Comment
ne pas penser à ce conflit de 39-45, à cette guerre idéologique où
l’on menait à la mort ceux qui ne croyaient pas, ne pensaient pas,
n’obéissaient pas à un dictateur et à ses acolytes. Des années
belliqueuses, douloureuses forcément, irréversibles pour certains,
récupérables pour d’autres, mais des années qui s’inscrivent
dans une mémoire à la fois individuelle et collective. "Par
amour" relate cette occupation allemande dans une ville de
province avec les bombardements ennemis et alliés, les restrictions,
les délations, les maladies, la famine. Mais il fait revivre
également la lutte, la résistance, toujours cachée dans l’ombre
pour que chaque individu retrouve la lumière de la délivrance et de
la liberté. Un portrait de deux familles où les cœurs palpitent
les uns pour les autres en surpassant la ruine de l’inhumanité
rampante.
Comment
ne pas penser aux récits évoqués par ses parents, ses
grands-parents, eux qui ont connu l’évacuation, les bombardements
avec parfois des blessures visibles jusqu’à la fin de leurs jours.
Mais pour eux aussi, l’amour était plus fort que tout.
Comment
ne pas penser que depuis 1945 les ravages des guerres iniques
continuent à brandir la grande faucheuse pour des idéologies
insanes où la compassion s’évapore des âmes plus que sombres.
Poignantes
sont les descriptions, bouleversants sont les messages d’amour
(amour filial, amour conjugal,...), sublime est la poésie qui
ressort au milieu du néant, émouvante est la pudeur des sentiments
enveloppée par une plume empathique.
On
referme ce livre avec un double coup porté à l’esprit :
celui de la consternation, une fois encore, de ce que peut provoquer
l’humain mais aussi celui, magnifique, de l’amour et du courage
qui peuvent tenir en vie toute personne dont le cœur altruiste bat
intensément.
"Après
avoir pleuré des mois sur la disparition de son amie, Muguette avait
séché ses larmes. Elle répétait que, lorsque l’on a vu la mort
vous cueillir dans ses bras, puis renoncer et finalement en cueillir
une autre, sa chère Véra, peu importait que le savon soit à la
soude caustique et la mayonnaise sans huile et sans œufs, peu
importait le froid ou la pluie, il fallait apprendre à aimer, vivre
et vivre pour aimer".
Par
amour – Valérie Tong Cuong – Editions J.C. Lattès – Janvier
2017
4 commentaires:
Un très beau billet pour un grand roman.
Merci beaucoup Virginie Vertigo mais la beauté est en premier lieu dans ce roman de Valérie Tong Cuong, absolument magnifique, magnifiquement absolu.
Je vais le lire. En plus ça se passe au Havre, j'adore Le Havre
Sans aucun doute, cette histoire va vous captiver et n'hésitez pas en discuter sur les RS. je ne l'ai pas mentionné mais il y a un détour en Algérie, ce qui ajoute encore de la plus-value au roman. Bonne lecture :)
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