Une noisette, un livre, un auteur
Lagos Lady
Leye Adenle
Premier
roman, première aventure. Et une nouvelle noisette à savourer.
Je pose
les indices : un journaliste Guy, une avocate Amaka, un
inspecteur Ibrahim et une grosse légume Amadi. Les décors sont au
Nigeria, à Lagos précisément. Les dialogues et le récit sont de
Leye Adenle, l’ambiance générale est sur fond de prostitution,
trafic humain, corruption et magie noire... Voilà, vous être
prévenus, de battre votre cœur va s’accélérer.
Les
quatre protagonistes vont jouer au chat et à la souris mais dans un
climat qui n’a rien d’une bande dessinée façon Tom et Jerry
mais beaucoup plus proche d’un labyrinthe d’une bande organisée.
Le
périple commence par un jeune journaliste britannique un peu
inconscient, suivie d’une rencontre avec la superbe Amaka, ou
l’ange-gardien des prostituées, engagée contre la corruption des
puissants, puis l’introduction d’un policier dont on ne sait de
quel côté il balance (et son portefeuille aussi) et enfin un riche
homme d’affaires qui s’affaire dans un business lucratif avec la
bénédiction de la sorcellerie locale.
Meurtres,
pratiques perverses, drogue, prostitution, magie noire, tous les
ingrédients sont réunis pour un thriller glaçant et glauque mais
pimenté de dialogues percutants, de tribulations originales et
d’empreintes humoristiques. Un polar que l’on visionne comme un
film de Tarantino. Mais derrière cette histoire fictive, se cache un
engagement personnel : celui du droit des femmes.
Mais au
fait, qui êtes vous Leye Adenle ? Un interrogatoire s’impose...
La noisette tombe bien, une cellule presse a été organisée par les
Editions Métailié lors de la dernière édition du Salon du Livre de Paris.
Prénom,
nom : Leye Adenle
Date et
lieu de naissance : 1975 au Nigeria
Lieu de
résidence : Londres
Profession :
Auteur, acteur et chef de projet
Ecrits :
envahi par l’écriture depuis l’enfance. Plusieurs nouvelles et
premier roman en 2016 « Lagos Lady »
Ses
sources d’inspiration : des rencontres et deux « mentors » :
James Patterson et Morgan Freeman
Le frère de littérature : Alain Mabanckou
Signes
particuliers : humour, affabilité
La
corruption en Afrique et ses répercussions sur tous ses secteurs
furent les facteurs d’incitation pour écrire ce polar autour,
entre autres, de la magie noire, phénomène auquel « les
politiques n’y croient pas mais l’utilisent contre la
population ». Le « Juju » n’a rien à voir avec
la magie noire qui est simplement un moyen de faire pression sur les
filles et faciliter le chantage.
Ce qui
révolte également l’écrivain nigérian c’est la totale
hypocrisie qui règne dans les plus hautes sphères de l’Etat,
notamment sur la prostitution. Leye Adenle milite pour qu’elle
devienne légale, la seule solution face au trafic humain. Les femmes
pourront ainsi porter plainte et bénéficier d’un recours par voie
judiciaire. Le personnage d’Amaka est d’ailleurs issu d’un
collectif de femmes que l’auteur connaît et l’une d’elles
porte ce nom. Des femmes qui luttent pour améliorer leur condition,
pour bénéficier d’une plus grande liberté. Au Nigeria comme dans
de très nombreux pays dans le monde...
« Lagos
Lady » a reçu un bon accueil au Nigeria mais parfois l’auteur
rêve d’être interdit, censuré : « j’aimerais
l’être, ça me ferait une belle publicité et un moyen infaillible
pour alerter l’opinion publique sur certaines pratiques ».
Que le
lecteur se rassure tout de même, la fiction est évidemment un moyen
de dénoncer une réalité trop souvent occultée mais voyager en
Afrique n’est pas signer son arrêt de mort, tout comme « les
histoires sanglantes de James Patterson n’empêchent pas d’aller
aux Etats-Unis et d’y passer un excellent séjour ».
Parce
que votre serviteur aime les bonnes nouvelles, en voici une :
« Lagos lady » aura une suite, on retrouvera l’inspecteur
Ibrahim mais avec une connotation plus politique. A suivre, à
pister... comme toute la littérature africaine qui prouve que ce
pays est vraiment le berceau de l’humanité.
(Leye Adenle au Salon du Livre de Paris 2017 - Photo ©Squirelito) |
Lagos Lady – Leye Adenle – Editions Métailié – Mars 2016
Prix
Marianne Un Aller-Retour dans le Noir 2016
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