Une noisette, une interview
Jean-Sébastien Desbordes – Vincent Nguyen
Quand deux reporters tournent @360° !
(Photo © Delphine Ghosarrosian FTV/SIPA) |
L’ivresse
d’avoir le tournis, avec en prime l’instinct de découverte, est
pour vous, chers bipèdes, un plaisir inexplicable et une recherche
de tous les instants ? Que personne ne bouge ! L’émission
360@ diffusée en ce moment chaque samedi à 18H05 sur France5 a été
faite sur-mesure pour répondre à tous vos rêves. Un style de doc
inédit, conçu et réalisé par deux amis inséparables : les
journalistes Jean-Sébastien Jean-Sébastien Desbordes et Vincent Nguyen.
Conversation à noisettes rompues avec eux...
1-
Comment est venue cette idée de tourner à 360° ?
Vincent :
Nous réfléchissions ensemble à un concept d’émission de voyage,
incarnée en duo. D’un naturel à avoir du mal à me concentrer
plus de 5 minutes sur mon ordinateur, je me suis laissé distraire
par une pub (un lien sur un réseau social, il me semble) et je suis
tombé sur une vidéo à 360° ! J’ai cherché comment on
faisait ces images, et l’idée m’est venue d’intégrer cette
technologie dans notre aventure.
Jean-Sébastien :
Voilà, mon copain Vincent est plus geek qu’il en a l’air !
Vince était persuadé dès le départ que réaliser des vidéos à
360° était un bon moyen de faire le buzz tout en innovant. Et il le
fallait car des films sur les voyages ne manquent pas à la
télévision ! En même temps, Vincent Feragus, notre producteur, a
flashé sur nos tempéraments (éloignés et si proches aussi) et lui
semblait que la relation entre Vincent et moi était une bonne base
pour être moteur dans une série documentaire. On a donc réfléchi
à la meilleure façon d’intégrer cette nouvelle manière de
filmer dans un récit : voir dans toutes les directions et
partager avec ceux qui nous regardent en les impliquant dans le
voyage grâce au second écran.
Vincent :
L’idée de synchroniser ce second écran avec l’émission
télévisée n’est venue que plus tard. Mais ça s’est transformé
en un vrai projet transmedia.
Jean-Sébastien :
Vincent a vraiment eu la bonne idée. Et puis, c’était un défi,
on adore ça !
Jean-Sébastien :
Oui... Je croyais que la caméra ayant la forme d’une boule on
pouvait filmer sans trop se soucier de sa position. Mais ce n’est
pas du tout le cas ! Nous avons découvert une multitude de
problèmes et avons appris progressivement en marchant car pas de
mode d’emploi. On a essuyé les plâtres. Mais le stress demeure
car on filme à l’aveugle (pas de retour). Sans oublier que les
risques sont multipliés par 7 car sur les 7 caméras, si l’une
d’entre elles lâche, ce sont tous les films qui sont
inutilisables.
Vincent :
On s’est donc entraînés avant de partir filmer dans plusieurs
situations, on a multiplié les prises de vues lors du premier
tournage pour être certains de pouvoir ramener au moins une
séquence. Comme tout ce qui est nouveau, l’apprentissage ne peut
être qu’empirique, et à force de maîtriser, le stress a
disparu...enfin un petit peu, car celui de vouloir ramener un bon
film est toujours là !
3 –
Dans l’immensité des lieux et coutumes à découvrir, comment
s’est effectué le choix ? Au feeling, un coup de noisette ?
Jean-Sébastien :
On procède en fait toujours de la même manière, et personnellement
je pense ne pas pouvoir travailler autrement. Avant de partir on
bosse sur un pays, sa culture, son histoire, un travail classique de
préparation pour mieux appréhender l’endroit où l’on va
plonger. Ensuite, on explore en détail une situation/une personne
qui a attisé notre curiosité. Vincent et moi n’avons pas toujours
les mêmes centres d’intérêts mais justement, l’une des forces
de notre « duo » c’est de faire confiance
respectivement au feeling ou aux envies de l’autre. L’autre force
est qu’on adore rencontrer des gens, chacun de nous deux ayant une
façon bien distincte d’engager une conversation mais avec la même
conviction que chaque personne a quelque chose à nous dire et à
nous apprendre.
Avant de
partir, on planifie un itinéraire avec la prise de quelques
rendez-vous. On se crée une sorte de canevas dans la tête
permettant de rassurer tout le monde, en particulier les producteurs
et les chaînes. Après, on oublie tout et on se laisse porter par
les rencontres, les situations ou encore par notre curiosité, afin
de tout redécouvrir par nous-mêmes sur le terrain. Le travail de
recherches réalisé en amont reste dans un coin de la tête, comme
un recueil dont on consultera les pages lors d’un tournage. Il nous
permet d’improviser tout en étant certain d’aborder les sujets
qui nous intéressent sans forcément tout prévoir.
4 –
Combien de temps a duré le périple, combien d’heures de tournage,
combien de séances de montage pour réaliser un tel ovni
documentaire ?
Vincent :
Le pilote de l’émission a nécessité 15 jours de tournage et des
semaines de montage...et de remontage... et de re-remontage. Ce,
pendant environ 5/6 semaines. C’est ainsi quand on invente une
recette. Maintenant on ne tourne que 10 jours sur place.
Jean-
Sébastien: 10 jours et c’est déjà très éprouvant. Surtout
pour Vincent qui conduit, et pour le cameraman (Christophe Brunet ou
Matthieu Martin) qui doit nous coller aux basques, si on improvise il
faut qu’il soit prêt à dégainer. Avec en plus le son à gérer !
On a l’habitude de travailler entre amis et pour ce projet, encore
plus, c’est physique, on vit collé les uns aux autres au
quotidien. Donc, il peut-être facile de s’énerver (surtout quand
on a la gueule de bois!). La postproduction des 360° est une vraie
galère car cette technologie n’est pas encore faite pour être
utilisée dans un format classique de fabrication télé.
5 –
Jean-Sébastien, vous avez sacrément donné de votre personne lors
de la première étape au pays des kiwis. Un tatouage sur-mesure mais
aussi impressionnant qu’un haka ?
Honnêtement
ce n’était pas très compliqué, c’est un honneur que le
tatoueur m’a fait. Le tatouage traditionnel au marteau et à la
dent de sanglier est une pratique très confidentielle et chargée de
sens chez les maoris. Le motif a une énorme signification pour moi.
Je remercie Vincent car c’était un rêve secret. Je ne suis pas
maso mais j’aime vivre les expériences/situations des gens qui
m’intriguent ou des personnes dont j’essaie de raconter la vie.
Dorénavant je pense pouvoir parler un peu plus légitimement des
maoris grâce à ce film et à tout ce qu’on a partagé avec eux.
Pour la douleur, ce sont surtout les dernières minutes qui étaient
éprouvantes mais je me sentais fort, j’avais mon copain avec moi
:)).
6 –
Vincent, le Christ du Corcovado n’a plus de secret pour vous ?
Survoler
de près le Corcovado était dans ma « bucket list » de
pilote. Le faire en ULM n’a pas été facile, on s’y est repris à
3 fois ! Problème météo, panne radio... Et puis cette zone
est sous le contrôle aérien de l’aéroport Santos Dumont qui
n’est pas bien loin. Même s’ils nous ont laissé approcher,
notre présence n’a pas été tolérée bien longtemps. Un grand
souvenir en tout cas !
Pour la
petite histoire, au début, on avait imaginé que Jean-Seb monterait
à l’intérieur du Christ et se hisserait au sommet... mais ça n’a
pas été possible !
7 –
Entre-nous, personne ne nous entend, quelle fut la plus grosse
tranche de rire que vous ayez pu savourer durant cette riche
expérience ?
Jean-Sébastien :
Il y en a beaucoup, difficile d’en trouver une en particulier.
L’humour est aussi une force dans notre relation. Je tiens
d’ailleurs à préciser que ces films nous laissent la possibilité
d’être à l’écran comme on est dans le vie, et donc, de
cultiver le second degré. Lors de notre « mariage » à
Las Vegas, on savait qu’on faisait n’importe quoi, mais on était
contents de nous et qu’est-ce qu’on a ri !
Vincent
et moi on se connaît par cœur . Du coup, on a un malin plaisir à
se pousser l’un l’autre dans des situations parfois
inconfortables. Vincent est logique et réfléchi et franchement ça
m’a vraiment fait marrer de l’envoyer voir un Chaman au Mexique.
Une espèce d’escroc qui m’avait promis de guérir Vincent des
mauvaises ondes qu’il a en lui. Situation ridicule mais j’ai
adoré voir Vincent affronter ce type sachant que ce n’était pas
en sa faveur. Ce jeu de moqueries entre nous a quelque chose de
bienveillant. Se mettre chacun son tour dans des situations gênantes
nous permet d’aller au-delà de nos limites. Enrichissant tout en
permettant de ne pas se prendre au sérieux et surtout d’avoir le
soir de franches parties de rigolade quand on se refait la scène
autour d’un bon verre:))
8 –
Quelles sont les prochaines destinations où vous allez nous
emmener ? Au bout de la terre, au pays des merveilles ?
Jean-Sébastien :
Pour cette saison 1, après la Nouvelle-Zélande et le Brésil,
l’Italie (ce samedi), l’ouest américain et le Mexique. Après on
ne peut pas vraiment en parler;-) Disons simplement que nous partons
pour la Namibie jeudi...
9 –
Question collégiale, bon ok, vous n’êtes que deux;-) mais quelles
sont vos prochaines bottes secrètes ? Du doc, encore du doc,
toujours du doc ?
Vincent :
Une nouvelle saison de 360@ et si possible un ou deux projets perso
que je dois pour l’instant garder secret;-)
Jean-Sébastien :
Aucun projet télé en vue. Je viens de terminer les différents
reportages sur lesquels je travaillais depuis un an, je vais me
consacrer uniquement à 360@ pour le moment. Dans l’avenir ?
Toujours le rêve de faire du cinéma et peut-être un livre...
10 – Et comme d’habitude, that’s the squirrel’s way, le petit quizz pour mieux connaître le fond de votre âme...
Par ordre alphabétique, on commence par Jean-Sébastien :
- Un roman : Les faux-monnayeurs d’André Gide
- Un personnage : Sam Lion
- Un écrivain(e) : Hunter S ; Thompson
- Une musique : A day in the Life
- Un film : Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard
- Un animal : la girafe
- Un dessert : l’œuf mayo
- Une devise/citation : « L’eau chaude, n’oublie pas qu’elle a été froide »
Et on termine par Vincent :
- Un roman : Terre des Hommes (Saint-Exupéry) / La promesse de l’aube (Gary) / Voyage au bout de la nuit (Céline) / Water Music (TC Boyle) and so on !
- Un personnage : Saint-Ex, Mermoz, Churchill
- Un écrivain(e) : Romain Gary, Josep Kessel
- Une musique : Bach (tiens, il s’appelle aussi Jean-Sébastien ! )
- Un film : Un singe en hiver d’Henri Verneuil
- Un animal : le chat
- Un dessert : le gâteau basque de chez Pariès à Saint-Jean de Luz
- Une devise/citation : « Vis comme si tu allais mourir demain, apprend comme si tu allais vivre toujours » (Ghandi)
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