Une noisette, une interview
Donna McWilliam, une lady qui a du chien !
1 – Pour que chacun puisse te connaître, peux-tu nous parler de ton parcours, de ton doctorat jusqu’à ton activité actuelle de dog-sitter ?
A 41 ans, en 2003, je suis allée voir
un médecin pour une grosseur au sein mais il m’a rassurée en me
disant que ce n’était qu’un kyste. Mais diverses altérations
physiques m’ont fait revenir chez le praticien en 2004 et j’ai
alors passé une mammographie avec biopsie à l’hôpital. Je
souffrais d’un cancer du sein et à cause du retard de diagnostic
la tumeur était proche de la paroi thoracique. Ce qui a conduit à
un traitement très lourd de 10 mois : chimiothérapie,
mastectomie et radiothérapie, suivies de contrôles réguliers, le
10° étant prévu en octobre prochain.
Lorsque j’ai retrouvé des forces
après des soins aussi intensifs, j’ai commencé à travailler
comme gestionnaire de données pour les essais en oncologie clinique.
Bien que ce poste valait la peine, son contenu pouvait me stresser
étant donné mon passé de patient cancéreux. C’est à ce moment
là que j’ai pensé qu’il fallait que je trouve quelque chose qui
soit bénéfique pour mon corps et mon esprit. En 2013 je créais le
"Donna’s Dog Walking Service" et je n’ai aucun
regret.
2
– Ce combat contre le cancer du sein a été évidemment une
période très difficile. Quelles ont été tes préoccupations
médicales , quels ont été tes craintes, tes espoirs ?
Pour beaucoup de personnes, moi
compris, la première réaction est d’être sous le choc ou en
phase d’incrédulité. Ensuite, on s’inquiète pour sa famille,
pour son travail, avant de réaliser qu’avant tout c’est sa santé
qui est en jeu. Au début de ma carrière, j’ai travaillé comme
technicienne pathologique, par conséquent, je savais assez bien ce
que signifie un diagnostic et ses implications. Je pouvais aussi
prendre des informations sur Internet mais j’avais peur de les lire
et une erreur d’interprétation est facile. J’ai trouvé que
l’équipe médicale était un peu trop avare en informations
(quoique pour être honnête, le cancer étant imprévisible il est
préférable de ne pas s’avancer) pour une personne comme moi (ce
n’est pas le cas de tout le monde) qui désirait en savoir le plus
possible.
Ma grande peur était le risque de
métastases mais les ganglions lymphatiques sont redevenus sains ce
qui a été un grand soulagement. Puis, mon bras commençant à
gonfler je m’inquiétais d’un possible lymphœdème si les
ganglions étaient enlevés, mais à nouveau j’ai eu de la chance.
Par crainte des piqûres je refuse de
voyager dans des pays où une vaccination est exigée, on peut donc
imaginer que les prises de sang et le processus de chimiothérapie
ont été des épreuves constantes. Cependant on sait cacher ses
craintes pour que vos proches ne s’inquiètent pas outre mesure.
J’espère dorénavant qu’il n’y
aura pas de rechute ou de développement d’une autre forme de
cancer provoqué par les traitements agressifs. L’autre désir est
de pouvoir revivre normalement sans avoir le cancer comme épée de
Damoclès.
3 –
Que voudrais-tu dire pour les autres patients et/ou pour les
personnes qui doivent faire face à l’adversité ?
L’une
des choses les plus importantes est de croire en ses propres
intuitions. Chacun réagit différemment face à un diagnostic, un
traitement ou l’adversité. Il est évidemment vital d’écouter
les conseils médicaux mais faire aussi ce que l’on sent salutaire
pour soi-même, que ce soit pour l’alimentation, le repos, l’espace
personnel, le dialogue, etc. faire avec les remous et si le besoin de
pleurer sonne à votre porte, ne pas hésiter et ce sans aucun
sentiment de culpabilité ou de faiblesse. La maladie ronge
énormément la force et l’énergie qui sont en vous, donc, ne pas
trouver étrange d’être triste, en colère ou impuissant envers
soi-même ou les autres. Je pensais catégoriquement que le moins je
demandais, le plus rapidement et facilement la guérison viendrait.
4 –
Malgré tous les obstacles rencontrés sur ton parcours, quelle est
ta motivation pour continuer encore et toujours ?
Comme
pour beaucoup, je crois que l’on est motivé pour aller de l’avant
grâce à sa famille et tout particulièrement si on a des enfants.
J’ai eu également une grande chance : celle d’avoir un
traitement qui a donné un résultat et donc d’avoir une nouvelle
opportunité. Réaliser combien la vie est courte et fragile est un
formidable tremplin de motivation pour réévaluer ce qui est
important et vous aider à faire pour le mieux.
5 –
La lutte pour la vie n’est pas réservée à l’homme mais à
toutes les espèces vivantes ?
Absolument.
J’adore les animaux et j’estime qu’ils sont trop souvent
maltraités par la supposée race supérieure : l’homme. Je
crois que nous avons beaucoup de choses positives à apprendre des
animaux et de leur comportement.
6
– Tu as une passion pour les animaux, quels sont tes combats dans
ce domaine ?
Ma
famille a toujours beaucoup aimé les chiens et j’ai aidé mes
parents à gérer les suivis de sauvetages et d’adoptions du club
écossais du bobtail (Old English Sheepdogs). Il y a des années,
nous en avions pris deux avec nous. J’ai signé énormément de
pétitions, donné à des associations pour que cessent les corridas,
les combats de chiens et de coqs, la destruction des ours et des
blaireaux, la chasse au renard, l’élevage en batterie. J’apporte
mon soutien pour des refuges, dans mon pays ou à l’étranger, non
seulement pour les chiens mais aussi pour les ânes, les chevaux, les
animaux de ferme, etc. La liste pourrait s’allonger mais ça vous
donne une idée combien l’animal a une place dans mon cœur.
J’admire considérablement les hommes et les femmes qui aident
directement les animaux en détresse. Je pense également que si
chacun de nous peut apporter une petite part, infinitésimale
soit-elle, de nombreuses vies animales pourraient être améliorées.
7 –
Depuis quelques années ton travail est auprès des chiens. Une fois,
tu m’as déclaré que tu ne serais jamais riche mais que tu faisais
ce qu’il te plaisait vivant auprès de la nature avec exercice au
grand air. Hélas, beaucoup sont loin de penser ainsi dans un monde
où l’argent domine ?
Malheureusement,
je suis d’accord. Gagner de l’argent n’est pas négatif puisque
l’on peut réaliser de belles choses avec. Dans notre société
matérialiste, les gens pensent qu’ils méritent d’avoir beaucoup
d’argent parce qu’ils travaillent dur et je peux comprendre cela.
Cependant, ce serait tellement beau si ceux qui en ont un peu plus
puissent en donner à ceux qui en ont un peu moins. Je ne peux parler
pour quelqu’un d’autre mais je sais combien je suis heureuse de
travailler désormais dans l’univers canin même si ma rémunération
est bien moins importante que pour mes précédentes activités.
8
– Nous nous sommes rencontrées via la Fondation José Carreras
créée il y a 27 ans. Quelques mots à propos de la lutte contre la
leucémie ?
La lecture de l’autobiographie de
José Carreras (1) m’a profondément touchée et j’ai été
stupéfaite par le processus du traitement et sa guérison de la
leucémie. Ayant travaillé pour des essais cliniques, j’ai pu
découvrir la complexité de ces maladies hématologiques et combien
il était difficile de les soigner. Il est clair que continuer la
recherche est nécessaire pour trouver le traitement le plus adéquat
et le moins agressif possible. C’est magnifique de voir les progrès
qui ont été faits depuis des années et tout particulièrement pour
les cas pédiatriques.
9 –
La positive attitude est le chemin de la réussite même si tout
apparaît négatif ?
Une
bonne question avec réponse complexe. C’est assez fréquent, même
au sein des équipes médicales, d’employer des phrases telles que
"soyez positif" ou "vous devez lutter"
quand on parle de la maladie, mais, pour être honnête cela me met
mal à l’aise. J’ai connu des personnes qui ont lutté de toutes
leurs forces avec un esprit combatif et pourtant elles ont succombé
à ce qui les rongeait. La difficulté que j’ai avec ces
expressions est qu’elles se focalisent plus sur comment doit réagir
le patient plutôt que sur l’évolution de la maladie. La triste
réalité est que pour certaines formes de cancer, il n’y a pas
d’espoir de guérison.
Cependant,
je crois sincèrement que dans certaines circonstances, c’est une
aide pour le malade et pour ses proches, permettant de mieux faire
face au diagnostic, traitements et effets secondaires. Des études
montrent que pratiquer de l’exercice physique modéré après un
cancer du sein, améliore l’humeur et favorise la guérison. Une
autre étude révèle que des sensations positives/joyeuses
développent un processus chimique qui renforce le système
immunitaire et donc aide à lutter contre les infections, fréquentes
lors des protocoles de chimiothérapie.
D’un
point de vue personnel, il me semblait mieux affronter ma maladie
lorsque j’étais positive et j’essaie toujours d’être la plus
motivée possible quand tout ne va pas comme sur des roulettes.
10 –
Et pour terminer, un petit quizz pour en savoir un peu plus sur
toi...
- Un roman : Dissolution de CJ Sansom
- Un personnage : Marie Curie et pour la fiction, Sherlock Holmes
- Une écrivaine/Un écrivain : Agatha Christie
- Une musique : Le Canon de Pachelbel ou "Jésus que me joie demeure" de Bach
- Un film : Slumdog Millionaire
- Une peinture : Tout Rembrandt
- Un animal : Le chien, peu importe la taille, l’aspect, la personnalité, tous !
- Un dessert : Gâteau à la crème et aux mandarines
- Une devise/Une citation : "Dans le milieu de la difficulté se trouve l’opportunité" Albert Einstein
- Merci beaucoup Donna, et bonne promenade avec tes chiens ! https://www.facebook.com/donnasdogwalks
(1)
Cantar con el alma – Singing with his soul – Chanter avec son âme
– Josep Carreras, aubiographie, 1989
Version originale en anglais
A
nut, an interview
Donna
McWilliam, a dogged lady !
Meeting
people is always a rich experience and even more when a person has
something to teach us. Today’s, little talk with Donna, a friend
with a positive outlook who shows us that we never have to give up
but rather to go on instead!
1 – Firstly, so that anyone can get to know a little bit about you, could you, please, tell us about your road, from Ph D to your present job with the dogs ?
In 2003, aged 41, I attended the local doctor with a breast lump- I was told it was probably just a cyst and to stop worrying. Further changes made me return to the doctor in 2004 and I was sent to the hospital for mammogram and biopsy. These showed I had breast cancer and the tumour was close to the chest wall due to the delay in diagnosis. This meant I had chemotherapy first to try and shrink it then a radical mastectomy followed by radiotherapy. This took about 10 months in total and has been followed by regular examinations- my 10th one due in October this year.
When I’d recovered sufficiently from the intensive treatment, I began work as a data manager in oncology clinical trials. Although a very worthwhile job, the contents of the case notes could be distressing especially given my cancer history. It was then that I thought of doing something that would be healthy to both mind and body and I started "Donna’s Dog Walking Service" in April 2013 and have no regrets.
2 – This fight agaisnt breast cancer was obviously a very difficult perio. What were you medical concerns ? What were your fears, your hopes ?
On diagnosis my greatest fear was that it had spread outside the breast but my lymph nodes came back clear which was a great relief. Then I worried that if my nodes were removed that I ‘d suffer lymphodeama, my arm swelling up but, again, I’ve been very fortunate.
As someone who won’t travel to countries where inoculations are required because I’m scared of injections, getting through the blood tests and administration of chemotherapy was always a trial but one hides many of the fears so as not to further upset those close to you.
Personally my hope is that there is no recurrence of the original cancer or a development of new cancers caused by the powerful treatment. Further hopes include trying to get back to a normal life where the spectre of cancer is not hanging over it.
3- What would you like to say to the other patients and/or for people fighting against adversity ?
4 –
Despite all the difficulties you have met in your road, what is your
motivation for going on, again and again ?
Like
many others, I believe people are motivated to go on by their family,
especially if they have children. I also felt very fortunate that the
outcome of my treatment was good and that I had another chance at
life. Realising how short and fragile life can be is a great
motivator for reassessing what is important and helps one make
changes for the better.
5 –
The fight for life is not only for the humans, but also for all the
animals ?
Absolutely.
I love animals and feel that they often get treated badly by the
supposedly ‘superior’ human race. I believe we could learn a lot
of positive things from animals and their behaviour.
6-
You are a true anima-lover, what are your fights in this field ?
My
family have always loved dogs and I helped my parents run the rescue
and rehoming service for Old English Sheepdogs in Scotland and we
took two in to live with us, years apart. I have signed many
petitions and/or donated for animal causes including against bull,
dog and cockerel fighting, bear baiting, fox hunting, badger culling,
battery hens. I also support sanctuaries at home and abroad, not only
for dogs but donkeys, horses and farm animals etc. The list could go
on but hopefully that gives you an idea of what animals mean to me. I
hugely admire those who work directly to help animals in need or
distress but I also think that if everyone helped in even a small
way, many more animal lives could be improved.7 – Your work for few years involves pet care and dog walking. You told me once that you would never be rich but that you were doing something you enjoyed and getting plrnty of fresh air, exercise and being in touch with nature. Unfortunately, many people do not think like you in a money-orientated world ?
Unfortunately, I agree. I don’t think having money itself is a bad thing as you could choose to do a lot of good with it. In our materialistic society people may feel they deserve lots of money because they have worked hard for it and I can understand that viewpoint. However it would be nice if all of us who had a little more could give to those who have less. I can’t speak for anyone else but I know I’m happier now working with people’s pets even though I don’t earn as much as in previous jobs.
8 –
We got to know each other through the José Carreras’s Foundation
which was created 27 years ago. Can you say a few words words about
the fight agaisnt leukaemia ?
I remember reading Jose Carreras’s autobiography and being touched
and amazed by his treatment and remission from leukaemia. Having
worked in clinical trials I saw how complex these blood cancers were
and how difficult they were to treat. Obviously continued research is
necessary to find the most effective, least damaging treatments
possible and it’s great to see that there has been many
advances
over the years especially in relation to children’s leukaemia.
9-
Does a positive mental attitude help even when all seems negative ?
A
good question with no easy answer. It is very common, even amongst
some medical staff, to use phrases like "be positive" or "you
need to fight" when talking about cancer but, to be honest, this
makes me feel a bit uneasy. I knew several people who fought hard and
were positive and hopeful but still succumbed to the disease. The
problem I have with such terms is that it focuses more on how a
person deals with their illness rather than on the stage or
aggressiveness of the disease. The sad fact is that for some
types/stages of cancer, there is no hope of recovery.
However, I do
believe that in some circumstances it can help the patient and their
family cope better with the diagnosis, treatment and after effects.
Studies found that taking moderate exercise after breast cancer
enhances mood and aids recovery time. Other research has shown that
positive/happy feelings release chemicals which can make the immune
system stronger so helps fight bacterial infection common with
chemotherapy.
From a personal point of view, I seemed to cope better
with my illness when I was more positive and I still try to be as
positive as I can today when things aren’t going smoothly.
10 –
The last but not least, little quizz to learn a little more on you...
- A novel : Dissolution by C.J. Sansom
- A character : Real person would be Marie Curie and fictional character Sherlock Holmes
- A writer : Agatha Christie
- A music : Pachelbel’s Canon or Bach’s Jesu of Man’s Desiring
- A movie : Slumdog Millionaire
- A painting : Anything by Rembrandt
- An animal : Dogs...all shapes, sizes and personalities
- A dessert : Fresh cream mandarin cake
- A
quote/motto : "In
the middle of difficulty lies opportunity" Albert Einstein
- Many thanks to you and all your readers Squirelito for giving me the opportunity of expressing some thoughts that have a lot of meaning for me.
- Thanks so much Donna and now have a good walk with your dogs ! https://www.facebook.com/donnasdogwalks
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire