Prix Patrimoines 2024
Jour de Ressac
Maylis de Kerangal
©Squirelito |
Lundi 16
septembre, l’Hôtel National des Invalides était l’écrin choisi pour dévoiler le nouveau
bijou littéraire récompensé par le Prix Patrimoines/Louvre Banque Privée pour
sa huitième édition.
Votre serviteur a eu l’immense privilège de pouvoir assister à cette cérémonie qui a couronné le nouveau roman de Maylis de Kerangal : Jour de ressac, une publication des éditions Verticales (Gallimard). Le prix a été annoncé par Stéphane Dedeyan, président du directoire de la Banque Postale et Jean-Marc Ribes, président du directoire de Louvre Banque Privée.
Pour rappel, cette année le jury était composé, s’il vous plaît, de : Daniel Picouly, président, entouré d’'Irène Frain, romancière, journaliste ; Baptiste Liger, directeur de la rédaction de Lire le magazine littéraire ; Jean-Marc Ribes, président du directoire de Louvre Banque Privée ; Laïla Séfrioui, responsable de la communication de Louvre Banque Privée ; François Sureau, avocat, écrivain, membre de l’Académie française ; Didier Van Cauwelaert, écrivain, dramaturge, ; Pierre Vavasseur, écrivain, poète, auteur-interprète, journaliste culturel au Parisien Hebdo et « des minutes de lumières en plus » ; Olivier Weber, écrivain-voyageur, grand reporter, et Floryse Grimaud, secrétaire générale et organisatrice du prix.
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Florise Grimaud a d’ailleurs eu une très belle phrase lors de son discours : « récompenser l’excellence de la langue française considérée comme un patrimoine à transmettre ». Citation qui s’unit parfaitement avec le roman couronné puisque nous sommes au cœur de la transmission, du patrimoine et de l’élégance des belles lettres.
Jour de ressac est l’histoire d’une femme originaire de la ville du Havre et qui est soudain appelée par un officier de police judiciaire de cette même ville lui demandant de venir se présenter au plus vite au commissariat. La narratrice quitte son appartement parisien et sa famille pour retourner au Havre après plusieurs décennies d’absence. Avec effroi, elle apprend qu’un homme assassiné trois jours auparavant a été retrouvé sur la digue Nord avec dans une poche… le numéro de son portable. Les photos ne lui rappellent aucun homme de sa connaissance, pourtant, elle va rester. Pour faire jaillir les souvenirs, faire un aller-retour entre passé et présent. Un récit intime commence pour cet anti-polar. Fort, émouvant.
Un roman qui s’inscrit dans tout l’éventail du patrimoine : des villes françaises et allemandes bombardées, lors de la Seconde guerre mondiale, dont il ne restera parfois, souvent, plus rien ; un patrimoine s’est effondré avec des milliers de vies. Pour faire survivre l’idée de ce patrimoine disparu et de ces vies enfouies, la littérature est un autre patrimoine, un patrimoine alternatif pour empêcher l’oubli, pour perpétuer la mémoire des vagues de l’Histoire. Maylis de Kerangal, tel un peintre, dessine à l’encre des mots ces bâtiments, rues et monuments effacés par la folie destructrice de la folie des faiseurs de guerre tout en faisant rejaillir le « patrimoine humain ».
Entre les guerres d’hier et les guerres d’aujourd’hui, la narratrice plonge et émerge de ces décombres de l’enfer, met en scène deux réfugiées Ukrainiennes ; la ronde des bombes ne finissant jamais. En 2024, Le Havre n’a plus à craindre qu’une pluie de projectiles se déverse mais d’autres fatalités destructrices rampent comme le narcotrafic ou encore, dans un autre domaine, l’intelligence artificielle voulant remplacer les cerveaux humains. Le brutal retour de toutes les réalités sur le long fil de l’humanité/déshumanité.