Noisette
psycho-thrillesque
Entendre nos fantômes
Sacha Perrine
Uzès, 1986 : un château, une psychiatre, un capitaine de police, deux femmes
qui se détestent, une famille de résistants, des adorateurs de Pétain, des
cochons, des rats… Le premier à passer sous la vengeance du Meurtrier Invisible
est le boulanger dont il ne reste qu’un doigt sur la scène du crime… de quoi
mettre les enquêteurs dans le pétrin ! Un deuxième assassinat va suivre,
puis un troisième. Dans cette confusion totale, la presse se déchaîne au fur et
à mesure que l’enquête piétine.
Le capitaine Dick Burgaud, revenu juste au pays après dix ans d’absence ne pouvait rêver meilleur accueil ! Au départ opposé à ce que son amie d’enfance, le Dr Vick Vickensen se mêle aux investigations, il consent à la « consulter » pour tenter d’expliquer les motifs sanguinaires du tueur. Surtout que la première victime était un patient assidu du médecin et que les rêves de la psychiatre ont quelque chose d’étrange. Elle seule est susceptible de délier les fils que tissent cet ogre mystérieux. Et si des fantômes avaient quelque chose à dire ? Et si les ombres du passé ressurgissaient ? À force d’avoir caché de terribles secrets, l’orage éclate au cœur de l’été.
Sacha Perrine signe un premier polar absolument époustouflant, laissant le lecteur essoufflé après avoir parcouru 378 pages sans marquer un arrêt. Un livre qui peut déranger et c’est tant mieux car il permet de révéler les mécaniques psychiques d’un tueur en série, d’éviter de galvauder le terme « fou » - bien placer dans un coin de sa tête qu’un fou met en danger avant tout lui-même – d’essayer de comprendre l’incompréhensible et que l’inconscient est un révélateur de gestes a priori inexplicables. Fouiller, chercher sans pour autant donner l’absolution (c’est là que votre serviteur pourrait avoir une sérieuse discussion avec le Dr Vick).
L’auteur, psychanalyste de son état, puise ses références dans la pensée de Freud et parfois dans celle de Lacan, en brouillant les pistes avec moult faits qui s’enchainent et permettent de découvrir progressivement l’histoire du village. Le dénouement est surprenant, très bien ficelé même si votre serviteur avait découvert le pot à noisettes aux deux tiers du roman.
« Yvette n’était pas psychiatre, mais elle avait appris une chose dans la vie : mieux valait parfois blesser quelqu’un qu’on aime plutôt que de répondre à ses interrogations. Et il y avait une règle universelle en la matière : plus la blessure était violente, moins l’être aimé continuait à poser des questions ».
« La vérité, c’est qu’elle aimait se trouver au cœur des drames. C’était le bonheur qui la terrifiait ».
Entendre nos fantômes – Sacha Perrine – Éditions Robert Laffont – Février 2024
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